Extrait du journal
Nous sommes un peu étonnés, en tout cas, qu’ils n’aient jamais songé à en de mander l’exécution. Tant qu’elle existe, elle existe, dette délicatesse de cons cience qui les empêche de réclamer avec nous la réintégration des Sœurs, parce que cette mesure paraîtrait avoir un caractère politique et pourrait gêner « la sécularisation complète des servi ces publics », ne s’émeut donc pas lors qu’un Conseil municipal attribue indû ment à chacun de ses membres une in demnité annuelle de six mille francs ? Péché véniel, d’ailleurs, en comparai son de toutes les infractions que ce même Conseil s’est permises. Son immixtion permanente dans la politique ne s’est pas seulement manifestée par des votes dont quelques-uns ont été cassés, mais par une série d’actes autrement graves qui, si publics qu’ils fussent, n’ont été ni ré primés, ni même blâmés. Pour n’en citer qu’un, on n’a pas ou blié la conduite du Conseil, lors de la réunion du Congrès, d’où M. Carnot sor tit président de la République. Il eut alors, lui aussi, sa journée historique pour faire suite à la fameuse nuit ; c’està-dire qu’il conspira ouvertement pour résister, par la force, à la décision du Congrès, dans le cas où cette décision eût contrarié ses préférences. M. Jules Simon le rappelait hier encore dans le Temps. Comment donc se fait-il que ce complot, ou plutôt ce commencement d’émeute, n’ait donné lieu à aucune en quête? Il y eut bien une interpellation, mais le ministre d’alors trouva bon de nier, de contester, d’atténuer, d'éluder. . On passa l’éponge. Comment donc se fait-il surtout que nos contradicteurs d’aujourd’hui, si juste ment soucieux d’interdire au Conseil toute incursion dans le domaine politique, n’aient pas signalé alors cette usurpation violente et réclamé de plus sérieuses ex plications ? Le voici : c’est que le gouvernement lui-même en était un peu complice, au moins par tolérance, et que ces hommes scrupuleux qui craignent — bien à tort — que la réintégration des Sœurs n’ait une couleur politique et surtout une coueur d’opposition, aimaient mieux fer mer les yeux sur l’usurpation que dé noncer la complicité. N’ont-ils pas un peu mauvaise grâce, en ce moment, à se montrer si ombrageux sur une question si simple où la politique n’a véritable ment rien à voir. Ce n’est pas tout. Comment donc se fait-il que ces sévères gardiens du do maine municipal n’insistent pas plus énergiquement pour l’installation du préfet à l'Hôtel de Ville? Il y a assez longtemps, ce semble, que ce fonction naire est à la porte de chez lui! C’est apparemment pour ne pas créer de conflit? On crée donc un conflit lors qu’on oblige ceux qui violent la loi à la respecter? C’est donc un conflit que l’ar restation d’un braconnier par un gen darme? Nous avouons sincèrement que nous ne comprenons plus, et voilà en core un malentendu qu’on devrait bien dissiper. La vérité est que beaucoup des torts du Conseil municipal sont imputables à ceux qui nous accusent, et s’ils conti nuent à nous accuser ail lieu de s’en prendre au vrai coupable, qui est le gouvernement; si le gouvernement con tinue, par faiblesse, à prêter les mains aux usurpations éventuelles du Conseil municipal, tous nos efforts seront vains pour les empêcher. Nous ne pourrons pas plus arrêter ces dangereux empiè tements dans l’avenir que dans le passé; et il y a là encore, au point de vue des responsabilités, un malentendu auquel il importait de mettre un terme. Daniel René....
À propos
Fondé en 1873 par Édouard Hervé, Le Soleil était un quotidien conservateur antirépublicain. Avec son prix modique, il cherchait notamment à mettre la main sur un lectorat populaire, audience qu'il n'arrivera toutefois jamais à atteindre du fait de ses orientations politiques. Le succès du journal fut pourtant considérable à une certaine époque, tirant jusqu'à 80 000 exemplaires au cours de l'année 1880.
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