Extrait du journal

MENDIANTS DE CAMPAGNE Je lis, dans un journal de province que, dans certaines régions, les gens des campagnes sont loin d’être rassurés, à cette saison où la nuit vient si vite et où le jour se lève si lard, à cause de ta grande quantité de vagabonds qui rô dent et cherchent asile le long des che mins. Le mal n'est sans doute pas beau coup plus grand aujourd’hui qu’hier, et qu’il ne le sera demain, et pourtant, il est nécessaire d’y prendre garde. Le jour où la sécurité des champs n’existe rait plus, ce serait un malheur irrépara ble parce que la panique viendrait bien tôt et qu’une fois la panique venue, l’au torité ne peut plus répondre de rien, ou n’aurait du moins le temps de rien faire, avant de grands malheurs. Je me hâte de dire que nous n’en som mes encore qu’aux symptômes ; mais c’est déjà quelque chose ; c’est assez, en tout cas, pour qu’on en ait souci. Né cessairement, il arrivera que la sécurité légendaire des campagnes de notre pays diminuera, lorsque les malfaiteurs, de plus en plus traqués, dans les villes, seront contraints de fuir un peu dans toutes les directions et opéreront dans les banlieues. Les campagnards, si bien habitués au calme et à la sécurité, no se connaissent plus, quand ils ont perdu leur assurance, et ils n’ont pas tout à fait tort. C’est qu’on n’y a pas les ser gents de ville et les gendarmes sous la main, et qu’on ne se sent pas sous l'œil de l’autorité. Une fois qu’ils ont l’imagination mon tée, les paysans sont terribles, et j’ai vu des heures où il n’eût pas fait bon, pour quiconque, de se promener loin des; villes sans passe-port ou sans moyen d’identité. Dans une contrée que je pour rais citer, il arriva, voilà de cela quel...