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Le Soleil, 28 avril 1898

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Le Soleil
28 avril 1898


Extrait du journal

L’impôt progressif, dont les radicaux ont fait leur plate-forme électorale, peut apparaître, à première vue, comme une conception généreuse, philanthropique, équitable. M. Léon Bourgeois le repré sentait, dans son discours du banquet de Lyon, à l'ouverture de la période électorale, comme la conception de ceux qui ont « le cerveau aristocratique et les entrailles démocratiques ». Nous ne savons pas si notre cerveau est aussi aristocratique que celui de M. Léon Bourgeois ; mais nous croyons avoir les entrailles aussi démocratiques que les siennes. Nous nous intéressons autant que lui au sort du plus grand nombre; nous sommes cependant les adversaires décidés de l’impôt progressif sur le revenu global. Cet impôt serait peut-être supportable ailleurs. En France il ne pourrait qu’avoir les plus funestes résultats. Avec le système de l’impôt proportion nel, vous payez en proportion de vos ressources. Si l’impôt prend 10 pour cent du revenu des contribuables, par exemple, celui qui a 3,000 francs de reve nus payera 300 francs ; celui qui a 10,000 francs de revenus payera 1,000 francs; ce lui qui a 50,000 francs de revenus payera 5,000 francs. Voilà l’égalité proportion nelle devant l’impôt. Les partisans de l’impôt progressif soutiennent qu’en réalité cette égalité n’existe pas, que si l’impôt proportion nel est proportionnel en ce qui concerne le chiffre des revenus des contribuables, il ne l’est pas en ce qui concerne leurs facultés. Le système de l’impôt proportionnel, disent-ils, fait payer, par exemple, au taux de 10 0/0, trois cents francs à celui qui a trois mille francs de revenus, mille francs à celui qui a dix mille francs de revenus, cinq mille francs à celui qui a cinquante mille francs de revenus. Ne voyez-vous pas que cette charge, soidisant proportionnelle, est en réalité accablante pour le premier de ces con tribuables, assez lourde pour le second, très légère pour le troisième? N’est-il pas plus facile à celui qui a dix mille francs de revenus de payer quinze cents francs, qu’à celui qui a trois mille francs de revenus de payer trois cents francs? N’est-il pas plus facile à celui qui a cin quante mille francs de revenus de payer dix mille francs, qu’à celui qui a dix mille francs de revenus de payer quinze cents francs ? Dégrevez de tout impôt les re venus de trois mille francs et au-des sous ; et, à partir de trois mille francs, établissez l’impôt d’après une échelle ascendante. Si celui qui a cinq mille francs de revenus ne paye que 2 1/2 0/0, celui qui a dix mille francs de revenus payera 4 0/0, celui qui a quinze mille francs de revenus payera 6 0/0, celui qui a vingt-cinq mille francs de re venus payera 10 0/0, celui qui a cin quante mille francs de revenus payera 15 0/0, etc. Voilà le système d’impôt progressif proposé par l’école radicale. Lisez plutôt le discours du banquet de Lyon : L’impôt que nous proposons, a dit M. Bour-...

À propos

Fondé en 1873 par Édouard Hervé, Le Soleil était un quotidien conservateur antirépublicain. Avec son prix modique, il cherchait notamment à mettre la main sur un lectorat populaire, audience qu'il n'arrivera toutefois jamais à atteindre du fait de ses orientations politiques. Le succès du journal fut pourtant considérable à une certaine époque, tirant jusqu'à 80 000 exemplaires au cours de l'année 1880.

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