Extrait du journal
— Qu’est-ce encore? demanda-t-il. — Si tu te montrais plus affectueux, plus tendre... — Tu l’entends, s’éeria-t-il en regardant Juan Morera. Qui dirait qu’elle a cinquante-trois ans? La reine se révolta sous l’insulte. — Mon cœur n’a pas vieilli, Manuel, dit-elle. — Tu te plains toujours. — Parce que tu m’abandonnes, ingrat. — Je ne t’abandonne pas, puisque je suis ici, près de toi. — Pour m’offenser, me blesser sans cesse. — Continue si tù veux; moi, je m’en vais. Il faisait mine de sortir. D’un cri suppliant, elle le retint : — Reste, je ne me plaindrai plus. Elle essuyait ses larmes, tandis que Godoï revenait vers elle en reprenant : — Nous serions si heureux si tu ne t’attachais à me persécuter. — Et si toi tu m’aimais encore. — Il n’est personne que j’aime plus que toi. Il s’agenouillait devant elle, subitement radou ci, ne voulant pas, quand il la quitterait tout à l'heure, la laisser sur le coup des propos qu’il lui avait tenus. Juan Morera, comprenant qu’ils allaient, se réconcilier, s’était approché d’une croisée. A travers les Persiennes closes, son regard em brassait les jardins, livrés en cette heure cani culaire à la solitude et au silence. Sans doute çe qü’il y voyait, excitait sa curiosité, car il se tint assez longtemps en cette attitude. Puis, quand il pensa que la réconciliation entre les amants était opérée, il se retourna. — Votre Majesté désire-t-elle savoir ce que fait en ce moment Son Altesse le prince des Asturies ? — Que fait-il? demanda la reine, ramenée par ces mots à l’objet d’une de ses plus constantes préoccupations. — Il s’enfonce sous les ombrages, du côté de l’île. Je viens de l’apercevoir. —Il fait sa promenade, observa Godoï. C’est sans importance. — Une promenade à l'heure de la sieste, sans importance 1 Ce n’est pas mon avis. — Que crois-tu donc, docteur? interrogea de nouveau la reine. Explique-toi. — Je crois que ce n’est pas uniquement pour se promener que le prince est sorti seul, mais plutôt pour aller à un rendez-vous. Un rendez-vous! avec qui? — Avec qui, si ce n’est avec la sennrita de Gastrogeriz ?...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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