Extrait du journal
saviez tout ce que je suis prêt à faire pour vous rendre heureuse!... Je ne m’épargnerais pas moi-même, s’il, le fallait! Je vous jure que je ne m’épargnerais pas! Lui aussi,: il parlait sur le ton des engage ments solennels... Sabine tressaillit ; elle faillit céder à la tentation de le prendre au mot, de lui crier : _ — Eh bien, si vous avez la foree, vous, ne vous épargnez pas ! Allez-vous-en de ma vie, pour que je puisse y rappeler Vidal Guer lande! Elle leva les yeux, rencontra le regard d’ar dente adoration qu’il fixait sur elle, et le dé couragement s’abattit de nouveau sur sa vo lonté; elle rabaissa ses longues paupières; elle rougit de penser à l’aveu — à l’inutile aveu — qui était monté du fond de son cœur au bord de ses lèvres... Lui se.méprit à ce geste, à cette flamme pudique ; il en conçut un immense et enthousiaste espoir. Il cessa de s’anéantir à ses pieds, il parut se relever, prendre en main le gouvernail de leur destinée à tous deux comme si elle l’avait supplié de le faire en le procla mant le seul pilote en qui elle pouvait mettre sa confiance. Le bras qu’il tenait sur le dossier de sa chaise descendit, entoura — quoique fraternellement, sans l’étreindre - sa ceinture, pendant qii’il continuait à parler, mais sur le ton de l’amour qui se sent investi d’un nouveau titre : — Voyez-vous. Sabine, après un malheur, surtout après un premier malheur, on est. porté à dire que tout est fini... Et puis, on se trouve bien plus de forces qu’on ne s’en croyait, des forces pour souffrir encore peutêtre, mais aussi des forces pour consentir au bonheur qui se représente. Les années que j’ai de plus que vous ont suffi à me faire làdessus mon expérience personnelle. Je suis resté orphelin à l’âge que vous avez mainte nant; des... amitiés que j’avais faites se sont dénouées; les êtres chers sont ainsi poussés aux confins de notre horizon, les uns par la mort, les autres par la vie même... On se sent perdu dans la nuit, et le désert... J1 baissait la voix comme sur un secret tout à eux. — Cela ne dure pas ; cela ne durera pas, ma chérie; sans nous en douter, nous produisons nous-mêmes la lumière qui nous montre bien tôt notre voisinage tout peuplé. Et qu’est-ce qu’il faut pour peupler notre voisinage? Un...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
En savoir plus Données de classification - jaurès
- friedjung
- ferdinand buisson
- sonnino
- tisza
- habsbourg
- ernest denis
- fiume
- giolitti
- franck
- agram
- croatie
- vienne
- budapest
- hongrie
- alsace-lorraine
- paris
- lloyd
- belgrade
- autriche
- union
- sénat
- bt
- faculté de droit
- sorbonne
- parti progressiste
- parlement
- zara
- g. t. i
- parti nationaliste