Extrait du journal

DU RECRUTEMENT DES ADMINISTRATEURS COLONIAUX Comment recruter et former de bons admi nistrateurs coloniaux? M. Boutmy vient de ré pondre à cette question dans une brochure qu’il vaut la peine de signaler. Cette brochure se divise en trois parties. La Fremière est consacrée à la critique de ce que on essaye de faire en France, c’est-à-dire du projet d’une grande école coloniale installée à Paris, lequel projet s’élabore et se réalise peu à t'eu sans que le Parlement ait jamais été appelé se prononcer ni par voie budgétaire ni autre ment. Dans la seconde, M. Boutmy expose ce qui se fait dans cet ordre dans les plus vieux pays à colonies et qui passent pour avoir le mieux réussi à les administrer, l’Angleterre et. et la Hollande. Enfin, dans là troisième, il esquisse la méthode et les moyens pratiques les plus propres à nous procurer de bons administra teurs. Le projet élaboré par le décret du 22 novem bre 1889 peut se réduire aux trois ou quatre dispositions suivantes : 1° une école coloniale unique est établie à Paris où les élèves suivent des cours qui durent trois ans. Ce sera l’école normale des fonctionnaires coloniaux, tant judi ciaires qu’administratifs ; 2° la presque totalité des postes de début est réservée aux élèves di plômés de cette école, ce qui constitue pour elle uq véritable monopole ; 3° les positions à pren dre dans chaque grande section, sont laissées au choix des concurrents d’après le rang qu’ils auront obtenu au classement final. Après un an de stage les candidats seront titularisés. Voilà l’économie générale de l’institution nou velle. Les objections qu’y fait l’éminent publiciste ne sont pas de celles que des hommes politiques intelligents puissent dédaigner, 1° Pourquoi augmenter le nombre des étudiants à Paris où la vie est chère et où les jeunes gens reçoivent des excitations intellectuelles, sociales et autres peu propres à les préparer à ta rude vie colo niale? Pourquoi y concentrer encore ceux qui sc destinent à cette carrière? Il faudra qu’un jeune homme né dans une colonie, acclimaté, et qui pourrait se préparer fort bien eh restant ; dans son pays à y remplir un modeste emploi, vienne passer trois ans à Paris, c’est-à-dire y prendre des goûts et des habitudes contraires à sa vocation. N’est-ce pas fermer la porte à...