Extrait du journal
La déclaration ministérielle a été ce que le pays pouvait souhaiter qu’elle fût. Le sens des dernières élections, tel qu’il se .dégageait de la statistique publiée par les soins du président du conseil, y est affirmé avec une courageuse netteté, ainsi quo la volonté du gouvernement de conformer sa politique aux indications que lui a données le suffrage universel. Une pensée domine dans ce document, qui recevra le meil leur accueil du public indifférent aux déconve nues qu’ont pu éprouver certains politiciens à sa lecture, et c’est la même pensée de large libéralisme, alliée à une conception prati que de l’action réformatrice, que les répu blicains clairvoyants avaient déjà notée dans les discours de Périgueux et de.Saint-Chamond. M..Briand, en s’adressant à la nou velle Chambre, est resté fidèle à lui-même. Il faut, certes, s’en réjouir ; mais comment le président du . conseil eût-il pu, au lendemain même du jour où les principes directeurs dont s’inspirait son gouvernement avaient obtenu dii corps électoral une éclatante consécration, prendre une autre attitude? Et pourtant le seul souci de désarmer des oppositions ouvertes ou latentes.a tant de fois induit les gouvernants à tenir, en pareille occurrence, un langage inat tendu et même déconcertant, que la décision avec laquelle M. Briand a pris position devant la Chambre lui fait le plus grand honneur. La crânerie, du reste, est le plus souvent la meil leure des habiletés, et le président du conseil est bien trop avisé pour ne pas comprendre qu’il sera d’autant plus aisément suivi que luimême aura plus résolument montré la voie à suivre. Tout, dans cette déclaration, est conçu dans le plus haut esprit de gouvernement : la consta tation que les républicains, définitivement ras surés sur.la vitalité de l’institution républicaine, doivent «résister à toute tentation d’en mésuser » et veiller à ce qu’elle ne se mue pas «entre leurs mains en un instrument de tyrannie et d’oppression»; l’affirmation de la nécessité que « la justice et la liberté ne soient pas l’apanage de quelques-uns», et qu’elles soient, «en toutes circonstances égales pour tous », cela, d’abord, mérite d’être applaudi. Le respect des droits de chacu n n’est-il pas plus fait pour consolider le régime républicain que le spectacle des excès de pouvoir et des actes de favoritisme cynique, auquel le suffrage uni versel veut manifestement qu’il soit mis fin. Cette première considération, c’est, en effet, celle qu’il était indispensable de faire valoir au seuil de cette législature. Car si elle détermine l’orientation de la nouvelle Chambre, tout le travail parlementaire s’en ressentira heureuse ment. M. Briand n’a pas reculé non plus devant l’exposé des maux engendrés .par les. « suren chères » auxquelles ont sacrifié trop souvent les Assemblées précédentes. 11 n’ya rien que de profondément vrai dans les paroles qu’il a prononcées à ce sujet. Et la...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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