Extrait du journal

j Le cabinet Canovas del Castillo s'est présenté hier aux Chambres. Il est impossible, d'après les renseignements télésraphiques, de préciser dès à présent la position que le premier ministre a prise hier à' la Chambre, sur la question de Cuba. ^L'émancipation des esclaves est admise en principe par tous les. partis, et sur ce point la divergence d'opinion porte seulement sur le choix à faire entre l'émancipation immédiate, soutenue par le maréchal Martinez Campos, et l'émancipation graduelle, préconisée par la majorité et qui semble devoir être adoptée par M. Canovas. Sur I la question, beaucoup plus embarrassante, du régi'me douanier aux Antilles, le chef du cabinet a.dit seulement qu'il voulait l'égalité entre la métropole et les Antilles quant à la répartition des charges publiques. S'il entend par égalité des charges l'identité du régime douanier en Espagne et aux Antilles, et par conséquent le marché de Cuba réservé à l'agriculture, à l'industrie et à la marine métropolitaine, cela équivaudrait au refus absolu de toute réforme douanière à Cuba. Si, au contraire, dans la pensée du ministre, l'égalité des charges doit consister non pas dans l'identité du régime, mais dans l'équivalence des charges de nature différentes imposées aux Espagnols d'Europe et aux Espagnols d'Amérique, la solution pourra être équitable et acceptée par les Cubains. La minorité constitutionnelle, pour y voir plus clair, voulait interpeller immédiatement M. Canovas sur les causes de la crise ministérielle. :.Des explications sur ce point auraient précisé la différence qui existe entre la pensée du maréchal et celle de son successeur. Mais M. Canovas a ajourné ces explications, ayant besoin, a-t-il dit, de se présenter immédiatement au Sénat; ce qui a. occasionné un incident tumultueux et la levée immédiate de la séance. Les explications sérieuses sont donc ajournées....