Extrait du journal

LIVRE DEUXIÈME (Suite) ) C’en était fait! Entre lui et Ingigerd le câble était bien rompu cette fois. Elle reprenait sa vie de théâtre, lui voulait reprendre sa vie d’étude. Les conseils de son père- : « Travaille, fais provision de faits, d’observations; reviensnous chargé de documents, mûr pour une œu vre solide et reprends parmi nous la place qui est la tienne », ces conseils appuyés par les instances, l’exemple de son ami Peter Schmidt lui revenaient «sans cesse en tête. Et aussi cette admonition du général : « N’éparpille pas ton effort; cesse de te laisser séduire par les choses d’à-côté. » « Combien il avait raison, mon excellent père, ruminait-il. Et moi; je souriais .avec, pitié, peu s’en faut que j’aie haussé’ les épaules quand je l’entendais parler ainsi. Mais j’étais aveugle alors, j’étais sourd, étourdi par les voix menteuses d’une passion insensée. Aujourd’hui je suis libéré; mes yeux sont ouverts et je veux le, prouver à lui et à moi-même en repre nant la voie librement choisie par moi, celle de la science. » Aussitôt sa résolution prise, il s’en vint l’annoncer à ses nouveaux amis. Tous en furent .attristés, car il y avait en Frédéric, en dépit de ses faiblesses et de ses imperfec tions, quelque chose qui presque toujours sé duisait les gens de cœur et de goût. Mais tous comprirent, avec la largeur d’intuition qui dis tingue l’artiste, que la solitude, les livres de science, l’exercice de la profession médicale lui seraient meilleurs même que l’apprentissage d’un art. où il avait fait des débuts si heureux. Si bien que le jour qui suivit cette décision un peu subite, M. de Kammacher ayant réuni...