Extrait du journal
tant. Faut-il ajouter que nos réflexions s’ap pliquent beaucoup moins à l’incident sur lequel . la Chambre a discuté hier qu’à toutes les affaires analogues, passées ou futures? On n’est pas fixé, au juste, et on ne le sera peut-être pas de sitôt, sur la nature et la valeur de l’invention de Turf*in, à supposer qu’il y en ait une. Mais, comme 1 arrive souvent, un cas particulier reflète toute fine situation. Et c’est.cette situation qu’il faudrait modifier. ' L’excuse des bureaux, en/pareille circonstan ce, est d’abord qu’il faut savoir se défendre, défendre son temps, contre l’énorme quantité de soi-disant inventeurs et de prétendues in ventions que chaque semaine, sinon chaque jour, voit éclore .Voilà qui est entendu. L’inven teur, même habile et heureux, est parfois un demi-fou. En revanche, plus d’un fou complet se donne pour un inventeur! Et,' à côté dos fous, il y aura les intrigants, les aventuriers, les es crocs. Qu’on s’arrange pour trier les inventions et les inventeurs, rien de plus juste. Mais qu’on s’arrange aussi de manière à ne pas se tromper dans le tri que l’on fera. Il y a là des initiatives, des responsabilités à prendre. On sait de reste que nos administrations ne sont très friandes ni des unes ni des autres. Elles ont tort, et il faut le leur rappeler quelquefois. Enormes, coûteu ses, lentes à souhait, c’est bien le moins que leur lenteur soit un gage de leur application, -qu’elles fournissent un travail effectif pour le prix dont on lés paye et que rien de ce qui est de leur ressort n’échappe aux prises très.nombreuses, trop nombreuses, qu’elles ont sur les choses et sur les gens. On n’aurait pas tiré la moralité tout entière de l’incident qui nous occupe, si on négligeait de noter l’état d’esprit très particulier o.ù beau coup d’hommes investis de fonctions publiques ont glissé dans ces derniers temps. Dégoûtés et effrayés parMes-débordements de calomnies et de diffamations dont ce pays a eu et donné, à tant de reprises, le triste spectacle, ils n’obéis sent qu’à une pensée, qui prime chez eux toutes les autres : se tenir personnellement à l’abri de ces attaques imméritées, ou, du moins, faire tout ce qui dépend d’eux pour ne pas les encou rir. Le sentiment est des plus honorables. On conçoit qu’il guide tout le monde dans la vie privée. Mais la vie publique, le service de l’Etat ont leurs exigences, parfois très dures. Il est certain qu’une des formes du courage civil et du courage civique consiste aujourd’hui à dé daigner ces menaces, à s’affranchir de ces craintes et à faire son devoir, tout son devoir, sans trop se préoccuper de ce qui en adviendra. Plus on ira, plus cette forme de courage sera indispensable à l’homme politique, à moins que, par une heureuse révolution dans nos mœurs, nous ne supprimions la cause qui produit cet effet....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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