Extrait du journal

ije n’ai jamais manqué de résolution dans ma vie, même très jeune, même au temps de là Révolution où, de façon et d’autres, tant de gens perdaient la tête. (Excusez en passant cette lourde plaisanterie d’un vieux brave dont l’es prit n’eut pas grande occasion de s’affiner en campagne.) Oui, bien que je me sois trouvé dans maintes situations critiques, j’ai toujours démêlé, tout de suite, avec sang-froid* le meil-; leur moyen de me tirer d’affaire. Partout où le coup d’œil et la pojgne suffisaient, narguer le péril m’était un jeu. Impossible de me rappeler en détail un seul des cent combats où ma bru tale franchise, ma prompte décision, secondées par deux bras et deux jarrets solides, m’ont sauvé de la mort miraculeusement. Et cepen dant, — caprice curieux de ma mémoire, —je me souviens lucidement, en détail, comme si c’était hier, d’une seule circonstance, bien moins guerrière que romanesque, où, ne courant per sonnellement aucun, réel danger, je ressentis avant d’agir une sorte d’hésitation et de doute tout à fait étrangers à mon caractère prime«autier. La persistance et la netteté de ce sou venir tiennent peut-être précisément à ce que mes qualités très instinctives de flair et d’in trépidité n’y eurent qu’une part secondaire, tandis que, pour la première et l'unique fois de ma vie, un éveil de sensibilité me causa une sorte d’émotion que je ne connaissais pas. D’ail leurs, vous en jugerez mieux que moi. Voici le fait ; I Après quatre mois de misère héroïque, quaBeproduction et traduction interdites...