Extrait du journal
La dualité des législations donne lieu à des embarras auxquels il faudra bien mettre un terme. En ce moment, si un Français de l’in térieur vient en Alsace, s’il s’y marie, s’il y fonde une société, s’il y meurt, il se marie, il s’associe, il meurt sous une loi gui n’est pas la sienne; et réciproquement, si un Alsacien tra verse les Vosges, se marie à Epinal ou à Nancy, y crée une société ou vient à y décéder, c’est une Qoi étrangère qui le soumet à son autorité. Que de malentendus! Que de contradictions! Et les Chambres ne devraient-ell-e pas sa hâter de voter le projet dont elles sont saisies depuis dix mois et qui est destiné à prévenir et à régler les conflits entre les deux législations? Comment s’opérera la fusion entre 'les deux régimes? Quels seront les éléments qui seront fournis par chacun d’eux? Dans quelles pro portions se combineront-ils? Ce sont là des questions très délicates, dans l’étude desquelles la voix des sénateurs et des députés d’Alsace et de Lorraine sera respectueusement écoutée. Il y aura certainement des cas où le reste de la France aura intérêt à adopter tout ou partie de la législation locale : témoin le droit allemand sur la propriété immobilière, les hypothèques et le livre foncier. Depuis plus de vingt-cinq ans, une réforme semblable dort, du reste, dans les cartons de notre ministère des finances. L’Al sace n’aura qu’à la réveiller. Mais, quels que soient les emprunts que, dans tel ou tel do maine, la France fasse au\ lois alsaciennes, quelles que soient aussi, en foute hypothe.se, les ■précautions transitoires qu’il puisse y avoir â prendre; nous devons, de toute ev-idence, tendre à rétablir, dans notre patrie reconstituée, l’unité de la législation civile, comme nous y avons restauré l’unité territoriale et l’unite morale. La lâche est difficile et elle ne peut s’accomplir en un jour. Mais elle sera simplifiée par la fer- : veur du patriotisme alsacien, si nous savons nous-mêmes ménager les intérêts légitimes et comprendre qu’on n’efface pas, en quelques mois, quarante-huit années d’histoire. Histoire d'oppression et de douleur, mais qui, tout de même, a laissé des traces, sinon dans les esprits, du moins dans les lois et dans les -faits....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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