Extrait du journal
ment,une face bronzée. J’en tirais la conclusion que, soit à cause du terrain, soit à cause des arbres, le sentier ne suivait pas une ligne droite. Personne ne parlait, à l’exception de la capitanâ, que j’entendais encourager ou rassurer Eva. Il y avait quelque chose d’inquiétant; de fantastique dans cette marche nocturne, où le pas des chevaux pro duisait un bruit sourd, où le cliquetis des sabres ré sonnait lugubre. Parfois de sauvages imprécations, comme les Mexicains seuls savent en proférer, s’é chappaient de la bouche d’un cavalier dont une liane venait de fouetter le visage, ou que sa monture, par un écart, entraînait hors du sentier. — Baissez-vous ! criait de temps à autre un des éclaireurs. Je me bâtais alors de me courber sur ma selle pour éviter le choc d'une branche, et je transmettais aussitôt l’avis, à ceux qui me suivaient, afin qu’ils le transmissent à leur tour. Parfois c’était le mot halte qui retentissait ; un arbre renversé barrait la routé; on s’arrêtait. Les .chevaux—^ces braves animaux sont doués au Mexique d’un instinct merveilleux — fran chissaient prudemment l’obstacle, et chaque cavalier ne se remettait en marche que sur l’invitation de ce lui qui le précédait. j Nous avancions sans encombre depuis un quart d’heure, lorsqu’un cri d’arrêt retentit en arrière ; une liane venait de décoiffer un cavalier. Il mit pied à terre tandis que plusieurs de ses compagnons, fi l’aide de briquets, enflammaient dés allumettes sou frées. L’ombre fut un instant éclairée, et Rembrandt, s'il eût été là, eût tressailli d’aise. Les petites, flanumes se reflétaient sur les armes et sur les galons d'or en étincelles multipliées, tandis que les visagep apparaissaient comme entourés d’auréoles. Le cava lier retrouva son chapeau, mais endommagé par le pied d’un cheval. Furieux, il s’en prit à saint Pierre, — son patron, sans doute, — de cette mésaventure. Il reprocha sérieusement à l’innocent apôtre sa cal vitie, son rôle de portier, son métier de pêcheur, et l’accabla d’injures suffisantes pour se fermer à jamais les portes^ du Pâradi3. Pour moi, je rendais grâce au ciel que cet accident ne me fût pas (arrivé; il eût anéanti mon pentatome. Aussi, à dater de cet instant, j’eus soin de retenir mou chapeau et de l’a briter contre ma poitrine chaque fois que içs éclai reurs signalaient un passage dangereux....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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