Extrait du journal

— Monsieur le duc ! monsieur le duc i criait-il à perte d’haleine, le gros : sanglier, celui qui nous échappait depuis quinze jours, dépisté, cerné à l’étang des Glaïeux ! Le temps d’empoigner votre carabine et nous y sommes ! Philippe, l’œil radieux, vibrait de joie des pieds à la tête. — Bravo ! éclata-t-il ; le jour de la fête de ma mère nous porte bonheur 1 Le gaillard nous de vait bien cette aubaine 1 — A d’autres le sanglier ! fit en élevant la voix la duchesse. Il n’aurait qu’à t’entraîner au loin et je tiens â ce qu’aujourd’hui tu ne t’absentes pas du château. Pourquoi ? — tu vas le savoir et tu ne t’en plaindras point. Reste, je t’en prie! — Ma mère, songez donc ! Un solitaire célèbre dans le pays, avec des défenses en cornes de dia ble ! Mais 11 m’en voudrait à mort si je ne m’em pressais pas de le servir. — On, te le retrouvera un autre jour. — Un autre jour, ce ne sera pas le Jour de votre fête, mamfui ; vous pourrez m’imposer telles pri vations qu’il vous plaira. Mais pas aujourd’hui ! Le voulez-vous, dites ? — Me promets-tu de lâcher plutôt : ton maudit sanglier que de t’attarder à sa poursuite ? Oui. Va donc, mauvaise tête I — Ne craignez rien, ma mère. Et maintenant, un coup de main avant votre départ, mes gar çons! La besogne sera vite expédiée. En avant;! en route ! en route !...