PRÉCÉDENT

Le Temps, 25 mars 1937

SUIVANT

URL invalide

Le Temps
25 mars 1937


Extrait du journal

Pour l'Humanité, « organe central du parti communiste », ce qu’il faut retenir du discours prononcé hier à la Chambre des députés par le chef du gouvernement de Front populaire, c’est ceci : :« Le parti social français n’est pas autre chose que la reconstitution des organisa tions des Croix de feu qui viennent d’être dissoutes. »■ Il est bien regrettable, en effet, que le président du conseil' ait cru pouvoir porter lui-même ce jugement; mais enfin il y a autre chose dans son discours. Il y a la réprobation du désordre et aussi la justifica tion, dans certains cas, du désordre. Il y a une déclaration favorable au principe de la liberté du travail, et il y a aussi une tentative de dis culpation de ceux qui, actuellement, mettent des entraves à la liberté du travail. Il y a du •bon.et du mauvais; et c’est ainsi que devait être obtenu le vote d’une majorité déconcertée, mais fidèle, que, du reste, un .ordre du jour avait préalablement disciplinée... On ne peut donc Contester que le gouverne ment de Front populaire ait hier remporté un succès; un succès parlementaire, s’entend. Aucun des partis -de sa majorité ne contestera ■non pi ira que £o;aaccèa -ne résout; Aucune des questions posées par Jes faits. Le. chef du gouvernement a effleuré chacune dé ces questions, et l’art de sa dialectique lui a permis de les colorer plutôt que de les [éclairer. Sa parole est riche en nuances; elle est pauvre en vérités politiques ; /elle est pleine d’audaces qui se retiennent et d’abandons qui se dissimulent sous un accent résolu. 11 s’agissait de sauve garder franchement .l’ordre public, de faire justice des sophismes des perturbateurs hypo crites ou effrontés. M. Léon Blum a d’abord reconnu l’innocuité de réunions telles que celle de Clichy, où des citoyens français ne se ren contraient que pour assister à une séance de cinématographe. Il a même condamné les Organisateurs -de la contre-manifestation. Puis il. a développé cette thèse, que les assemblées de certaines gens, .de certains partis, tout en étant licites, sont provocantes, que les réactions populaires qu’elles suscitent peuvent avoir parfois, pourront avoir dans l’avenir leur légitimité. En somme, le chef [du ministère de Front populaire a parlé tour à tour en homme de gouvernement et en homme de parti. On ne saurait en éprouver aucune surprise, puisque, depuis qu’il gouverne, ce chef de notre gou vernement a saisi toute occasion d’attester qu’il ne consentirait jamais à gouverner, même dans l’intérêt de la nation tout entière, contre l’un ou l’autre des éléments disparates de sa majorité. Tandis que se déroulait la longue séance de la Chambre des députés, le groupe de la Gauche, démocratique du Sénat procédait à l’examen de la situation politique actuelle et votait un ordre du jour dont il importe de reproduire ici le texte : « La Gauche, démocratique du Sénat invite le gouvernement à exercer une autorité, affer mie qui doit assurer, envers et contre tous, l’ordre dans la rue,Ta pleine liberté du travail, l’application et le respect de toutes les lois républicaines et la sécurité des citoyens. Elle adresse aux victimes civijes et militaires du drame de Clichy, et à leurs familles, l’expres sion de sa douloureuse sympathie et assure de sa pleine confiance les forces publiques chargées de la mission de faire respecter l’ordre républicain. /» L’ordre du jour vote par la majorité des députés est plus sommaire. Il est évident que ceux qui l’ont rédigé ont eu souci de n’y rien introduire, de précis, afin de permettre à tous ceux que séparent leurs conceptions respecti ves de la « liberté », de la « paix intérieure » et même des « institutions démocratiques », de voter cet ordre du jour en gardant le silence sur leurs profonds désaccords. L’ordre du jour de la Gauche démocratique du Sénat a été inspiré par un souci tout contraire. Les radicaux de la haute Assemblée/ ontvoulurdonner* dans le-relâchement, la,con fusion et le mensonge qui empoisonnent. ces temps-ci l’air que respire la nation, un exem ple de. franchise, de courage, de netteté, de clarté. Au lieu d’.éviter les points difficiles d’.un débat (qui n’avait p.as seulement lieu à là Chambre, que les 'événements récents ont ins-, titug dans tout le pays), les sénateurs radicaux ont fait connaître leur sentiment — qui guide et soutient assurément leur volonté — sur cha cune des parties du douloureux et capital problème. ' Alors qu’après avoir entendu le discours du président du conseil on peut, tout en en admi rant l’adresse, se répéter le précepte : « Donner et retenir ne vaut », à la. lecture de l’ordre du jouq.de la Gauche démocratique du Sénat on doit se dire, en applaudissant à l’esprit qui l’anime : ,« .Voilà comment parlent les plus 'dignes des citoyens quand là cité est en périlt t...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

En savoir plus
Données de classification
  • grandi
  • mussolini
  • maiski
  • gayda
  • corbin
  • léon blum
  • flatters
  • hitler
  • eden
  • heil
  • italie
  • espagne
  • rome
  • berlin
  • londres
  • guadalajara
  • autriche
  • hongrie
  • france
  • clichy
  • sénat
  • agence havas
  • parti communiste
  • foreign office
  • daily express
  • daily mail