Extrait du journal

au pape, je mourrai contente, lors même que je n’aurais pas vu la France rendue au roi, dit la vieille Française. — Et moi... lors même que je n’aürais pas vu l’Angleterre rendue à la foi, reprit le monsi gnor. La duchesse sourit à Pierre. — Dans quel guêpier d’ultramontains et da réactionnaires êtes-vous tombé? murmura-1elle. — Il est réjouissant, dit-il, de rencontrer des gens qui ont des convictions. — Même si vous tenez leurs convictions pour erronées ? demanda-t-elle. — Oui, même dans ce cas, répondit-il. Mais je ne suis pas-sûr de tenir pour erronées les convictions que j’ai entendu exprimer ce soir. — Sérieusement? fit-elle surprise. Vous vou driez voir le pape rétabli dans Rome ? — Oui, dit-il, très sérieusement... pour des raisons d’esthétique, sinon pour d’autres. — Je crois qu’il y a des raisons esthétiques dû souhaiter cette restauration, convint-elle. Mais comme de juste, nous pensons qu’il y a des rai sons suffisantes dans la simple justice. — Je ne doute pas non plus qu’il n’y ait des raisons dans la simple justice, dit-il. Après le dîner, sur la prière du cardinal, la duchesse se mit au piano, et elle joua, du Bach et du Scarlatti. A la douce clarté des bou gies, tandis qu’elle exécutait celte musique « lumineuse, limpide », son visage, pensait Pierre... Mais que pensent les amoureux du visage de leurs maîtresses, lorsqu’elles lèvent les yeux en effleurant les louches d’ivoire, à la douce clarté des bougies? Mrs. O’Donovan Florence, en prenant congé, dit au cardinal : — Je dois à Votre Eminence les deux plus beaux jours de ma vie. Le premier fut celui où j’appris par les journaux que vous aviez reçu le chapeau, parce que je pus me flatter auprès de toutes mes connaissances d’avoir été jeune fille au couvent avec votre nièce. Le second est celuici, qui me permettra de me réjouir pendant le temps qui me reste à vivre de l’honneur de vous présenter mes hommages. — Ainsi, songea Pierre en regagnant son logis dans le serein, sous le scintillement des étoiles au-dessus du parc, au milieu des parfums épars de la nuit, ainsi, le cardinal n’approuve pas les mariages mixtes, et naturellement, sa nièce non plus. Mais que m’importe? Car hélas ! hé las t cette question n’est plus « d’actualité »« comme il disait. Et il alluma une cigarette. Œenry IIarlanq CA suivre.X -...