Extrait du journal

qui cache sous l’ironie de la blague parisienne les. délicatesses et les attendrissements d’une ! âme sentimentale. La pièce, en somme, est fort bien jouée ; le succès en avait été considérable le premier soir; il continue d’ôtre très vif. ' Me voilà en règle avec le Vaudeville. Les Nouveautés nous ont donné la première . représentation d’une pièce en trois tableaux, le Maître, de M. JeanJülüen, que nous avions déjà vu au Théâtre-Libre d’Antoine J’ai tort de me ser, vir dece motpiéeepour caractériser l’œuvre nou’ velle l’auteur lui a donné le nom d'étude. Va pour étude l aussi bien est-il juste de dire que, lors qu’on porte un événement ou une passion au théâtre, on l’étudie toujours. Toute pièce sé rieusement faite est donc une étude, et il n’y a pas de raison pour que le Maître ne soit pas une étude, au même titre que les autres. La représentation qui nous en avait été don née chez Antoine date du 24 mars dernier. Il y. a trop peu de temps que j’ai écrit le premier ar ticle pour me sentir le goût d’en écrire un se cond. Mon opinion n’a pu changer en si peu de temps. La pièce m’avait paru obscure ; il m’a semblé qu’elle ne s’était pas éclaircie en passant sur un autre théâtre ; j’y avais trouvé quelques scènes très agréables au second acte; elles ont encore fait grand plaisir. Ce qui gâte toutes les qualités de l’ouvrage, c’est l’esprit de système. L’auteur affiche la prétention d’inaugurer un nouveau théâtre. Il a exposé ses théories dans une revue qu’il dirige en chef, Art et Critique, et qui est souvent fort intéressante à lire. Il est tout naturel qu’il les mette en pratique lui-même. Je ne voudrais point me mettre en travers de cette espérance. Nous verrons bien ce qu’en pensera le public. Les jeunes gens m’accusent de barrer la route à toutes les innovations ; eh bien ! je m’efface, cette fois. Voilà le Maître joué sur un vrai théâtre, en plein cœur de Paris. La presse a été plutôt sympathique à l’œuvre ; moimême j’ai insisté de préférence sur les bons en droits ; que va faire le public, dont il faut pour tant tenir compte au théâtre ? S’il court à la pièce de M. Jean Jullien, je ne demanderai pas mieux que de reviser le procès et de revenir sur mes conclusions. S’il se dé tourne et s’abstient, nous chercherons ensemble le secret de sa froideur ; et peut-être les théo ries que nous avons.toujours professées rece vront-elles de cette étude une nouvelle confir mation. Le Maître n’est pas tout à fait aussi bien joué aux Nouveautés qu’il l’était au Théâtre-Libre. Il...