Extrait du journal

V — (Suite) Arrivée à sa chambre, elle éteignit sa bougie, puis se dirigea vers la' fenêtre ouverte. Là, elle s’accouda et plongea ses regards dans la nuit. C’était une nuit de mai calme et sereine : l’é clat de la lune n’en troublait pas la profondeur, mais elle n’était point obscure, car il semblait qu’il restât, du soleil disparu, des traînées de lueurs répandues dans le ciel, accrochées aux grands arbres, au revers des collines, au loin tain des rochers. C’était une nuit blonde. Nul souffle ne troublait la majesté du silence. Les grands arbres du parc semblaient de sombres géants vêtus de velours, immobiles et forts, endormis tout debout. De velours noirs aussi étaient les tapis des longues pelouses. Au delà, dans l'échappée, luisaient les étangs comme un morceau de ciel tombé. où scintillaient les étoiles. Tout se taisait. Parfois le frisson du feuillage sous le frôlement d’un lapin vagabond, le clapotis, au bord des eaux, d’une bête sau vage venue pour boire. L’air était pénétré de ces parfums subtils, innomés et troublants qui montent de la terre aux soleils du printemps, et qui semblent l’haleine même des choses* de ces parfums qui pénètrent jusqu’aux plus inti mes fibres de notre être et nous apportent, dans une indéfinissable vibration, une sorte :de communion avec le grand tout mystérieux. Solange regardait la nuit; sans être trop rê veuse, ni mélancolique, elle était, comme tous* - T°às droits de traduction et de .reproduction réservés....