Extrait du journal

Quand monsieur Miron eut perdu sa femme, décidé par le souvenir des vertus de la défunte à ne jamais se rem a-, rieur, il trouva tout d’un coup la vie absolument dénuée de charmes. Ses fonctions de professeur au collège de sa petite ville lui laissaient de nombreux loisirs. Mais il n’était pas collectionneur et ne connaissait aucun jeu de cartes. Ses soirées avaient été remplies jusqu’alors par des querelles quotidiennes avec son aimable épouse. Il s’effraya de la solitude et du silence, quand il se fut retrouvé seul, plusieurs jours de suite, à la table jadis conjugale, sous la suspension de faux bronze dont l’ombre éparse dansait sur la nappe. La neurasthénie le guetta. Et comme, en l’absence de conversation, il mangeait trop vite, il eut de pénibles digestions....