Extrait du journal

LES EXILÉS Dédié à nos frères les « Poilus ». p marge de la lutte féroce et hautaine, L à côté de la boue glorieuse et sanglante, en dehors de cette période où les hommes qu’on disait des nains sont devenus des géants, frères, il est d’autres hommes qui souffrent. A. ces hommes le Destin cria : « Tandis que vos frères se battront sur le sol du pays, pour le sol du pays qu’ils défen dront pouce à pouce, vous resterez là-bas sur l’immensitc qui assure la liberté des combat tants et leur apporte la force vivifiante du négoce !... Il leur cria plus haut : « Vous veillerez à la sécurité du sol sur lequel vous ne poserez pas les pieds ; vous vivrez de souvenirs et vos yeux grandiront de toute l’incommensurabilité de l’horizon. Allez entre le ciel et l’eau ! Là est votre tâche, là est votre sol à vous, celui que vous avez à défendre. » Il se tut. Et ces hommes marqués par le Destin sont là ! Ce sont les marins. Frères, vous avez le sang, mais vous avez la gloire ! Frères, vous avez la boue, mais c’est la vôtre. C’est pour elle que vous luttez ! Frères, vous avez la mitraille, mais aussi la consolation ! Ecoutez ! Les exilés ont le flot bleu, les ténèbres et le vent qui pleure. O ces sanglots dans la nuit, au large ! Ils ont l’immense amertume du lointain, le spleen profond des terres qui ne sont plus pour leurs yeux agrandis !...