Extrait du journal

Au restaurant. — Clients, garçon, etc. Un client. — Des sardines et du beurre, s'il vous plait. N'oubliez pas le beurre... Le garçon. — Le beurre ? (a part). Pour quoi me dit-il de ne pas oublier le beurre ? (Il regarde attentivement le client). Hum! Hum ! Le client. — Eh bien, ce beurre? Le garçon. —^ Voilà, monsieur ! Le client (étalant le beurre sur du pain). — Pas fameax I Le garçon. — Quelle drôle de façon de manger du beurre! (a« client). Ôserais-je de mander à Monsieur qui lui a enseigné à man ger son beurre de cette manière ?... Le client. —Jé mange mon beurre comme tout le monde. Est-il bête, ce garçon ! Le garçon (finement). — Il paraît que c'est la façon de manger des anarchistes. (A part). Il se trouble... Le client. — Donnez-moi maintenant des rognons brochette, n'est-ce pas ? Le garçon (d part). — Oh ! il détourne la conversation... (Haut).... brochette ? Le client. — Eh bien ! oui, brochette... et dépêchons-nous, je meurs de faim... Le garçon (d'un air sournois). — Ça vaut mieux que de mourir de la dynamite. (Apart.) Il a pâli... Le client. -* Enfin voulez-vous me servir, oui ou non? Le garçon. — On y va, on y va... (a part.) Pour sûr, c'en est un... (Il revient.) Voici les rognons... Le client. — Sont-ils saignants ? Le garçon. — Je le crois, monsieur, je le crois... Le client. — Voyons. (Il coupe un rognon en deux.)\o\is appelez ça saignant l Sachez, garçon, qu'un rognon n'est jamais trop soi gnant... Faites m'en d'autres. Je ne mangerai pas ceux-là... Le garçon (grommelant). — Saignant!... quelles mœurs... Comme on voit que ces gens-là sont habitués à détruire les femmes et les enfants... saignant! Le client. — Et après ça, des pommes sautées... ....