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L’Écho de Paris, 12 février 1935

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L’Écho de Paris
12 février 1935


Extrait du journal

ment monstrueuses, elles sont encore singulièrement inhospitalières. Elles se présentent à nous sous l'aspect de dan gereuses aiguilles, d'arrêtés coupantes, de lames aiguisées. Entre la brosse à dents, la fourchette et le couteau, vous n'avez que l'embarras du choix... Et pourtant, c'est un fait : les autres plantes vertes ne se vendent plus, en comparaison des plantes grasses. Ce sont celles-ci qui entourent l'aquarium où s'ébattront les poissons chinois dans le studio élégant^ ; elles encore qui or neront la mansarde de Mimi Pinson et prendront leur place au soleil entre la cage des canaris et le chat de la. mère Michel... Pourquoi ce goût étrange pour ces plantes rachitiques que l'on fait venir de tous les continents, mais surtout des régions tropicales 'de 1?Amérique où el les sont vraiment chez elles ? J'ai posé la question à des vendeurs de grands magasins qui avec flegme, vous « débi tent s un Echinocactus ou un Cereus comme s'il s'agissait d'un objet de pre mière nécessité : un chapeau ou un en crier. Ils n'ont su que me répondre. Les acheteurs de ' plantes grasses, en effet, sont-ils mieux renseignés sur leurs mo biles que les vendeurs ? J'imagine pour tant qu'il ne s'agit pas, seulement d'une mode dénuée de toute raison logique. Les femmes, qui lancent la mode, ont lancé la mode des plantes grasses. Pour quoi ? Si c'était simplement l'attrait de la monstruosité qui les y poussait, ce serait un signe inquiétant du point de vue moral et social. Mais ces végétaux que les hommes jugent monstrueux, les femmes se contentent de les trouver amusants. Elles s'attendriraient presque sur ces petits déshérités du monde vé gétal. Elles les adoptent comme des or phelins. En réalité, ce sont des végé taux roublards et égoïstes, dressés à la rude école du désert, et qui saveiit accumuler sous leurs piquants et leur épiderme rugueux les réserves liquides et alimentaires dont ils se serviront — d'ailleurs avec parcimonie — pendant les périodes de sécheresse. Ils sont en ces temps de déficit, un vivant exemple de prévoyance et d'économie. Mais que voulez-vous? Ils ont les apparences de l'infortune. Et c'est assez pour que la maîtresse de maison leur prodigue ses soins et les mette en bonne place dans l'auréole du luminator ou dans la demiteinte marine de la lampe translucide. RENE ROUSSEAU....

À propos

Fondé en 1884 par Aurélien Scholl et Valentin Simond, L’Écho de Paris était un grand quotidien catholique et conservateur. Il était sous la coupe financière du célèbre homme d'affaires Edmond Blanc, propriétaire notamment de plusieurs casinos et hôtels de luxe à Monte-Carlo.

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