Extrait du journal

;Ils sont arrivés le matin même en rade de Tanger, après une longue et pénible traversée. Au milieu de la nuit, on signale qu'un paquabst vient de s'échouer à vingt kilomètres du port,, que l'équipage et les passagers sont en perdition. • Ces braves n'hésitent pas ; aussitôt ils ont repris la mer, — la mer démontée et furieuse ; — ils sont les premiers sur les lieux du si nistre, les premiers à organiser les secours... Cependant la tempête redouble; après un premier voyage, l'eau' remplit 1© canot de sauvetage, dont les feux s'éteignent et dont le patron est, emporté par une vague. " N'importe ! il y a encore' des malheureux à sauver ;■ les matelots vident l'eau, rallument les feux, retournent à. l'héroïque tâche : la mer prend à nouveau deux des, leurs, — et, du canot chaviré, c'est par miracle que les autres vont pouvoir échapper à cette mort, à: laquelle ils viennent d'arracher tant de proie.s douloureuses... Maintenant, en termes émouvants, une reine leur exprimé ses félicitations et sa re connaissance : parmi ceux-là. qui leur devront la vie il y avait des personnages royaux. Mais croyez Que nos marins ne se sont pas dit qu il fallait « y aller » parce que c'était un duc, parce que c'étaient des princesses de sang royal qui étaient en péril... L équipage du Priant s'est élancé au dan ger,. à. la mort, simplement parce que ces braves gens « ont l'habitude », parce que l'hé roïsme, le dévouement sont pour eux comme une « second© nature »,'et qu'ils font cela parce qu'il 11e leur viendrait pas à l'idée qu'ils pourraient se dispenser de le faire avec cette abnégation et cette bravoure, . ils» offrent leur vie spontanément, tranquillement, à) la française !... Alors nous, les Français, nous pourrions peut-être, au moins, prendre garde' à ne pas embarquer, sur leurs bateaux, des poudres qui suppriment férocement, d'un coup, tant d'existences admirables, et précieuses !... FRANC-HOHAIN....