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L’Écho de Paris, 23 août 1902

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L’Écho de Paris
23 août 1902


Extrait du journal

filles de chez vous gagneraient assez sans cela à la fréquenter. — Peut-être, en effet, dis-je, humilié, manquons-nous, en France, d'écoles pa reilles... Mais nous avons, à Paris, des cours de cuisine, et je; crois bien qu'ils sont assidûment suivis. Evidemment, à cet égard, notre enseignement est incom plet... Il y aurait beaucoup de choses à faire... Mais une charmante femme, une mère, qui était là, voyant mon embarras, vint charitablement à mon secours. — C'est drôle, dit-elle, tout ce qui vous semble attester la supériorité de l'éduca tion allemande, à cet égard, se retourne à mes yeux contre elle. Il n'y adonc pas de mères dans ce pays, ou bien sontrelles à ce point occupées, qu'elles doivent en voyer leurs filles apprendre à l'école ce qu'on apprend, en France, à la maison ? J*ai élevé des filles, en bonne bourgeoise française que je suis, c'est-à-dire qu'elles ont reçu de moi, dans la famille, toutes les leçons qu'on donne dans ces écoles ménagères. Ma vieille école à moi vaut bien les leurs, croyez-moi. J'ai enseigné à mes enfants ce que j'ai moi-même ap pris de ma mère, instruite par "la sienne, et vous pouvez être sûr que nous en re montrerions, sur le chapitre de l'écono mie domestique, aux pensionnaires de toutes les écoles ménagères d'Allemagne et de Suisse. Et je n'ai pas la prétention d'être une exception. Il est malheureuse ment vrai que la nécessité des hautes études et des examens pour les jeunes filles auxquelles leurs parents donnent, faute de dot, un emploi, apporte quelque trouble dans les habitudes anciennes de nos familles. On envisage trop mainte nant la vie hors de chez soi. Mais tout de même quantité de mères françaises n'ont pas encore abdiqué le plus cher de leurs privilèges, celui de former elles-mêmes leurs filles. Et ce n'est pas seulement à la cuisine, à la couture, qu'elles bornent l'enseignement ménager. L'apprentissa ge est plus complet dans la famille, et je dirai même qu'il n'-est complet que là. Si leurs écoles ménagères étaient pleines, je penserais qu'il n'y a, chez nos voisins, que des orphelines... ou bien je plaindrais davantage les jeunes filles dont les mè res se déchargent sur des étrangères de ia mission la plus belle et la plus haute. Mais je ne tombe pas dans lé travers de généraliser une observation, et j'aime mieux penser que beaucoup de ces jeu nes filles allemandes et suisses vont faire ou achever leur éducation dans ces écoles sj-éciales, moins peut-être en vue de leur ménage futur, que pour mieux tenir, plus tara, un fcâtel, une pension......

À propos

Fondé en 1884 par Aurélien Scholl et Valentin Simond, L’Écho de Paris était un grand quotidien catholique et conservateur. Il était sous la coupe financière du célèbre homme d'affaires Edmond Blanc, propriétaire notamment de plusieurs casinos et hôtels de luxe à Monte-Carlo.

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