Extrait du journal
Petite personne rose, qui vous tenez à la fenêtre, quel âge avez-vous, je vous prie? Dites-le à un pauvre homme qui passe. la petite personne rose J'eus quinzeans quand les rouges-gorges partirent de peur que le premier flocon de neige n'éteignît la pourpre de leur jabot. le passant Savez-vous, petite personne rose, que jamais je ne vis, ni à la ville, ni à la cam pagne, rien d'aussi joli que vous ? LA petite personne rose Je n'ai pas de peine à croire ce que vous dites; car, si je me promène, les soirs d'été, le ciel se rapproche de la terre, pour que les étoiles puissent m'admirer plus, com modément; et, dans la prairie où je che mine, les herbes sont tout à coup très hautes, en leur désir de regarder de plus près mes joues, avec leurs yeux d'or qui sont des boutons d'or et leurs yeux bleUs qui sont des pervenches. le passant . Ce qui me serait agréable, petite per sonne rose, ce serait de m'asseoir sur ce banc, en face de votre fenêtre, de l'autre côté de lia route, afin de vous voir, à mon aise. Permettez cette joie à un pauvre homme qui passe. la petite personne rose Je suis si bonne que je n'ai' de plaisir qu'à en faire. Asseyez-vous donc de l'autre côté de la route ; je ne bougerai que vous nè m'ayez considérée aussi longtemps qu'il vous plaira. le passant Ce qui m'étonne, petite personne rose, c'est que je ne vous vois point rire. la petite personne rose Il est vrai que je ne ris point. le passant Tout à l'heure, M. le curé s'est embar rassé les pieds dans sa robe, si bien qu'il est tombé de tout son long, le nez parmi de la bouse... la petite personne rose Ai t que j'avais envie de rire l le passant Mais vous n'avez point ri.Tout à l'heure, entre les blés, là-bas, on voyait paraître et disparaître, comme là flamme d'un vaisseau qui tangue, la coiffe rouge d'une paysanne... la petite personne rose Ah ! que j'avais envie de rire I le passant . Mais vous n'avez point ri. Serait-ce qu'il y a en vous quelque peine secrète? la petite personne rose Le çetit chat n'est pas mort; il n'a pas mangé ma fauvette en sa cage. Ma mère me donne les beaux rubans que je veux ; mon père est assez riche pour que je puisse être aumônière à tous les chemi nots en haillons. le passant Peut-être n'êtes-vous pas aussi jolie qu'il semble? la petite personne rose Qu'osez-vous dire, méchant passant? le passant Peut-être, sous votre corsage, les menus seins ne sont-ils point aussi ronds et fer mes qu'il serait désirable? la petite personne rose Paraissez, pomtnesdes vergers, oranges des orangeries, pêches des espaliers ! voici qui vous défie. le passant Peut-être fûtes-vous contrainte de re marquer que le balancement de votre marche n'est point sans quelque lourdeur ; ainsi marchent. les cygnes, ces oies de neige. la petite personne rose : Pencfiez-vous, à droite, à gauche, sous lé vent, longs roseaux, bouleaux flexibles ! et confessez que ma taille est plus souple. . le passant Ou bien, pour ne point rire, avez vous cette raison que vos dents ne sont pas aussi lumineuses que les perles ni aussi fines que des grains de riz ? la petite personne rose A quoi pense le gouvernement de ce pays, de laisser de tels insolents se pro mener sur la route? Regardez, vilain homme. le passant Qu'elles sont claires et resplendissantes, pareilles à de tout petits flocons qui se raient tombés dans de la chair de rose I Eh ! en ce cas, riez donc. Pour moi, je ne saurais vivre, si. vous ne riez point. la petite personne rose Quoi ! si je ne ris point, vous mourrez ! le passant Juste en le temps qu'il faut pour pous ser le dernier soupir. la petite personne rose Ciel! qu'il serait dommage! car vous êtes jeune, bien fait, de figure avenante; et, si j'ai dit : « vilain », je ne le pensais guère. le passant Ajoutez que je suis fort riche et cousin du roi de Messarabie. Riez donc, pour que je vive. la pktitb personne rose Héias! qu'il est cruel de ne pouvoir sauver un homme tel que vous! Apprenez ce qui m'arrivra. Autrefois,plus qu'aucune autre, je riais; ài! iii! hilhi! hii iiii Tout le...
À propos
Fondé en 1884 par Aurélien Scholl et Valentin Simond, L’Écho de Paris était un grand quotidien catholique et conservateur. Il était sous la coupe financière du célèbre homme d'affaires Edmond Blanc, propriétaire notamment de plusieurs casinos et hôtels de luxe à Monte-Carlo.
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