Extrait du journal

Ce patriotisme un peu étroit, patriotisme de province ride clocher, se comprend. Il est de fait que les habitants des petits Etats, qui avaient leur indépendance et leur autonomie, jouissaient de plus de liberté et de bien-être que les citoyens des vastes agglomérations qui les ont peu à peu absorbés. L’Allemagne, par exemple, n’était-elle pas plus heureuse, quand elle formait une série de petites nations indépendantes, que sous l’hégémonie prussienne? La centralisation augmente les charges des individus et tue partout la vie locale. Ceci, d’ailleurs, est une constatation purement rétrospective. L’absorption des principautés minuscules et des petites républiques par leurs puissants voisins et la distribution des Etats en trois ou quatre grandes nations est une tendance, un besoin, une nécessité de la démocratie moderne. Reste à savoir si la distribution s’opère toujours suivant les règles de la justice et du droit, et s’il n’y a pas lieu, çà et là, à des rectifications de frontières....