Extrait du journal

Ce qni se passe en Extrême-Orient démontre à quel point il est nécessaire de préparer la guerre, et à quels périls on s’expose quand on se laisse bercer par des idées humanitaires, admirables en théorie sans doute, et que nous partageons tous, mais décevantes et funestes dans la pratique, à l’époque guerrière et troublée où vous vivons. Il est certain hélas, que se fiant à la conférence de La Haye et au tribunal •Arbitral institué dans cette petite ville, la Russie tout entière croyait à la paix perpétuelle. Il ne lui semblait pas qu’aucun événement pût la troubler et, naïvement, elle supposait que si un différend quelconque s’le■ fait entre elle et une puissance asiatique ou européenne, c’est non pas une guerre, mais un simple procès qu’elle aurait à soutenir. Parlant de cette idée consolante, mais malheureusement fausse, elle n’avait Vmgc ni à concentrer ses troupes en nombre suffisant, ni à constituer une flotte et surtout une flottille dans les mers de Chine, ni à dresser des plans de campagne, ni même à préparer et. à augmenter ses moyens de défense. Aujourd’hui, elle paye cher ia confiance et ses illusions. Ce n’est pas que je doute que la victoire, à la fin, lui reste. Mais combien elle aurait pu conserver de Vies précieuses ; combien elle aurait pu s’épargner de pertes en argent et en hommes; combien elle aurait mieux servi la cause de l'humanité si, longuement et patiemment, comme son adversaire actuel, elle avait réuni ses forces, là où le péril apparaissait imminent, si elle S’était dès le début mise en état de combattre, si elle avait résolument envisage l’éventualité d’une lutte ! Peut-être, alors, ce qui sc passe à l’heure présente 1ie se serait pas passé. Peut-être l’Empire du tsar serait apparu comme intangible ; peut-être aucune «Agression ne l’aurait menacé. Peut-être la tranquillité des deux continents d’Europe et d’Asie ne serait pas troublée profondément....