Extrait du journal

On n joué du mot « patriotisme », je me souviens des discours et des articles qui célébrèrent la mort d’Edouard Détaillé. Un critique échauffé — candidat a l’Institut — déplora « la perte que venait d’éprouver la France ». Les vocables gloire et génie sonnaient à chaque ligne des panégyriques, telles des batteries voilées de crêpe. On nous assura qu’aux œuvres sombres, la peinture de Détaillé avait maintenu à coups de clairon l’esprit patriotique, exalté les vertus guerrières, prêché le culte du devoir. Allons donc! Détaillé, on 71, relevant le sentiment national ! Rappelez-vous qu’en sil. un médiocre poète, qui se nommait Henri de Bornier, « releva lui aussi, le sentiment national » avec sa flasque et redopante Ci lie de Roland, ouvrage de circonstance... Et si vous me permettez une régression plus lointaine, dans l’histoire littéraire encore, j’évoquerai l’exemple d’une tragédie non moins faible, les Templiers, laquelle, en 1805, et sur l’ordre de Napoléon Ier, obtint au Théâtre-Français un triomphe disproportionné avec son petit ni«• rite — car l’auteur, François-Juste,Marie Raynouard. forgeait des vers chevillés et raboteux, ce qui ne l’empêcha point de relever, lui aussi, à sa manière, le sentiment national....