Extrait du journal
Je tiens dès l’abord sieurs les Censeurs, rien de ce qui s’est secret. Je n’en raconterai rien parce que je n’apprendrais rien aux lecteurs même en leur racontant tout avec la complicité des censeurs. Je sais que mes lecteurs ne sont pas de ces gens qui, négligeant les faits en eux-mêmes, se sont, depuis deux ans, gavés, exclusivement jusqu’à l'empoi sonnement, des commentaires qu’eu servaient les journauxd’à peu près toutes opinions. Nos lecteurs ont dû seulement, au jour le jour, retenir les faits, rien que les faits, les classer dans leur mémoire ou autrement, étudier les rapports qu’ils soutenaient entre eux, et se faire ainsi, sur les événements présents, leurs cau ses, leur développement, la suite qu’ils auront, une opinion claire par proposi tions distinctes. Hélas ! je n’avancerai point que tous les députés ont appliqué cette méthode bien française à la formation de leur opinion. La secte des « Béni Oui-Oui » compte au Parlement beaucoup plus d'adhérents qu’un vain peuple ne le pense. Par pitié pour lui, je ne vous nommerai point ce mien collègue qui ne pouvait croire, l'autre jour, que c’é tait pour la troisième fois que les Busses venaient de prendre Czernovvitz. Coin bien d’autres produits surprenants du suffrage universel manifestent des igno rances pareilles— ou plus graves — et répétées, et qui, en effet, ont profité du Comité secret pour apprendre, sinon pour comprendre, ce qu'ils n’avaient su apprendre par eux mêmes depuis deux ans. Est ce à dire que c’est pour eux que l’on a « fait » le Comité secret. Ce n’est pas probable. Mais, à propos des faits les plus connus même par les plus ignares, il importait de pouvoir discuter librement. Discuter librement, voilà la grande affaire. Ce n’est pas facile. 11 me souvient, avec une stupeur persistante aigrie d'amertume, du jour où M. Accambray essayait, à la tribune de la Chambre, et en séance publique, de faire la critique des opérations militaires entreprises au mois d’août 1914, quelques 18 ou 20 mois auparavant. Quelle prétention ! On le lui fit bien voir. Il dut quitter la tribune. La meute hurlait : « Vous informez l’ennemi. » Meute imbécile et misérable! Informer l'ennemi de quoi ? De ce qu'il avait vu sur le coup même et de ce dont il avait eu 18 ou 20 mois pour s’informer à fond et en réfléchir V Mais nous mêmes, nous mêmes, vous dis-je, ne savons nous ce que, dans le même temps, l’en nemi, héias ! a pu entreprendre contre nous ? C’est la voix qui voulait infor mer la France que la meute couvrait. Alors, on a poussé les grilles, cade nassé les portes et on a discuté enfin librement de ce que tous les citoyens qui lisent et réfléchissent avec méthode connaissent. Car, je le répète avec force, il n’y a de secrets dans le monde et dans ce drame que pour les ignorants volontai res et les sots. La discussion close, il fallait se pro...
À propos
L'Éclaireur de l'Ain était un journal hebdomadaire de tendance socialiste publié à Oyonnax. Il cessera de paraître en 1951.
En savoir plus Données de classification - accambray
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