Extrait du journal

condamné par la divergence des votes. Mais, en vérité, y a-t-il maintenant un seul socialiste qui puisse craindre que le Groupe parlementaire aliène au nouveau gouvernement la moindre parcelle de son autonomie? Jamais la pleine indépendance de notre Parti ne fut plus évidente. Il n’est pas besoin d’invectives pour la souligner. Il suffit que tous ses actes s’inspirent mani festement du souci exclusif du socialisme. C'est par là que notre action, dans tous les problèmes intérieurs et extérieurs, aura toute son autorité. Jamais aussi, en fait, il n’y eut entre nous moins de causes réelles et sérieuses de division. Si les diverses tendances qui subsistent naturellement dans le Parti se laissaient aller au jeu puéril des luttes d'influences, nous serions sans excuse: car il est possible de réaliser sans effort l'unité d'action. Peut-être aussi, quand les Fédérations se laissent aller à la tentat'on des motions et des formules, feraientelles bien, tout en assurant la représenta tion authentique de leur pensée, de ne pas lier d'avance leurs délégués par un man dat si étroit, si exclusif, si littéral qu'au cune discussion réelle ne soit possible et qu'on ne puisse abouti" à aucun accord, à aucune déclaration commune. Comme les controverses qui se sont produites avanthier ne portent sur aucun fait grave et permanent, comme elles ne correspondent à aucun conflit réel dans l'action présente du Parti, elles auraient pu se résoudre le soir même par un vote presque unanime, si quelques délégués n'avaient opposé le caractère impératif de leur mandat, éten du à la lettre même des motions. En tout cas. les discussions et les votes d’avant-hier auront au moins rendu ce service au Parti de débarrasser de toute querelle factice le prochain Congrès na tional. Il se tiendra presque en vue de la bataille des élections générales. Il sera consacré à un examen nouveau et plus approfondi de la question agraire. Il sera consacré aussi, si la majorité radicale commet la lourde faute de ne pas voter dès maintenant la réforme électorale, aux moyens les plus efficaces d assurer la victoi; e de la représentation proportionnelle, pour le plus grand bien de la République et du parti républicain tout entier comme du Parti socialiste. Ce n’est pas en suscitant artificiellement à l’intérieur du Parti des polémiques de tendance, c’est en nous donnant tout en tiers à l'action, que nous pourrons conqué rir à notre idée, amener à notre politique large et forte, la classe ouvrière et la démocratie. Jean JAURÈS....