Extrait du journal
Le projet financier se compose de deux par ties bien distinctes. Sur la première, qui est la partie fiscale et qui comporte un ensemble de dispositions dont T application doit assurer un plein et rigoureux équilibre budgétaire, de lar ges débats se sont institués et toutes les thèses ont pu à loisir s’affronter. Mais l’ampleur même de cette discussion semble avoir quelque peu nui à la seconde partie du projet, qui n’est ce pendant pas la moins intéressante, puisqu’elle se réfère à l’assainissement financier par l’a mortissement de la dette. Sur le programme et les modalités de cet amortissement, sur son efficacité, sur le mon tant même et la composition de la dette qu’il est appelé à résorber, cm eût aimé avoir des précisions plus nombreuses, une documenta tion plus serrée. Le débat fiscal avait sans doute épuisé les énergies, et force est bien de constater que cette partie sacrifiée du projet n’a pas provoqué l’échange de vues qu’en d’autres temps le problème de l'amortissement n’aurait pas manqué de susciter. Et cependant la question en valait la pe;nc. Qu’il nous suffise à cet égard de citer quel ques chiffres. Au 31 décembre dernier, le montant de notre dette publique intérieure s’élève à la bagatelle de 286 milliards de francs. De son côté notre dette extérieure, tant commerciale qtie politique, se monte, au pair, à la somme de 37 milliards, ce qui représente au cours moyen du change du mois de décembre 1925, environ 188 milliards de francs. De sorte que, si, au 31 décembre 1925, la France avait été mise dans l’obligation de rembourser inté gralement ses prêteurs, elle eût eu à débourser : pour sa dette intérieure : 286 milliards, pour sa dette extérieure : 186 milliards ; au total 474 milliards de francs. La charge de cette dette formidable se tra duit pour partie seulement dans le crojet de budvet de 1926, par l’inscription d’un crédit de 15 milliards, soit près de la moitié du mon tant total de nos dépenses. Nous ne pouvons évidemment continuer à assumer indéfiniment de telles charges, aux quelles viennent encore s’ajouter les paiements des dépenses de la dette viagère, (5 milliards) considérablement accrues elles aussi par l’obli gation sacrée que nous avons contractée envers nos glorieux mutilés. L'amortissement est d’autant plus nécessaire, que, par sa composition même, la dette pu blique se trouve répartie ce façon très inégale entre différents postes, dont certains ont déjà donné et donneront encore, si l’on n’y met bon ordre, de graves sujets d’inquiétude. C’est ainsi qu’au titre de la dette intérieure on constate que pour 156 milliards de dette perpétuelle et à long terme, nous avons 36 milliards de dette à court terme et 94 mil liards de dette flottante. Or, si la dette à long terme, tant que nous serons en mesure d’en assurer le service, ne doit pas nous préoccuper autant que l’autre, il n’en est malheureusement pas de même de la dette à court terme, dont les échéances se trou vent échelonnées, comme les dents d’une scie menaçante, sur les années 1926 à 1940. Et nous savons déjà que sur le fatidique échéan cier nous avons à inscrire en regard de la date...
À propos
L’Ère nouvelle a été fondée en décembre 1919 par deux socialistes déterminés, blessés de guerre : Yvon Delbos (1885-1956) et Gaston Vidal (1888-1949). Elle se définit en se sous-titrant « L’Organe de l’entente des gauches », et restera tout au long de son existence proche du parti radical. Malgré son faible tirage, le journal exerçait une influence importante dans le monde parlementaire.
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