Extrait du journal

Répétitions générales On ne parle plus de les supprimer, et c’est dommage I Non que je sois favo rable à la mesure (j’aime bien trop le théâtre pour cela !), mais parce qu’il y aurait eu là matière, pour un re porter hardi et curieux, à une enquête bien intéressante. Simplement solliciter de MM. les Di recteurs et secrétaires communication de leurs listes d’invités. « Charbonnier est maître chez lui », c’est entendu. Mais le monde dramatique n’a pas, que l’on sache, rompu avec la presse, la littérature, les beaux-arts, la politique, la finance quant à ses cimes, ni même les grands fournisseurs de luxe qui lui prêtent leur collaboration. On voit que je fais la part large, et je crois n’avoir rien oublié. Ainsi comptait-on, autrefois. Il n’é tait pas une loge, pas un fauteuil, pas un strapontin même dont on ne pût de visu nommer l’occupant. Au second étage, les artistes de la maison — ils recevaient — comme à la Comédie-Française, et des camara des d’autres scènes. Le haut pour la jeunesse, Montmartre, Montparnasse : de larges feutres, de grosses lavallières, efe des petits modèles, des novateurs de toutes les écoles, de la bohème, c’est possible, mais en état d’apprécier, de juger, de vibrer pour ou contre l’au teur. Que reste-t-il de tout cela ? Les listes permettraient de l’établir, pour dix spectateurs à leur place logique, cent inconnus ; les journalistes remplacés par des « publicistes » à tout faire ; les actrices de talent ayant peine à se maintenir parmi le flot envahissant des grues ; les peintres, les sculpteurs, les écrivains éliminés par des « affairis tes » que guette la correctionnelle l Henry Bataille « faisait » ses salles, c’est très vrai, avec un soin jaloux. 11...