Extrait du journal

celte réflexiui désobligeante, et je crus devoir imiter son silence. A la station de Sverdiovsk, aujourd'hui grand centre industriel de l’Oural, j’avais eu le désagrément de voir venir jusqu’à ma porte, l’air un peu penaud, l’un des conducteurs du vagon-lit, mon préféré car il m’avait dit que je parlais très bien russe. Chargé d une lourde Valise, il était suivi d un gros homme à lorgnon d or, qui tenait toute la largeur du couloir, <( Je regrette de vous déranger, monsieur, mais il n’y a plus de place ailleurs. » L’étranger, pour l’installation de ses bagages, m adressait la parole en allemand. A peine assis, il entrait en propos : « Vous êtes français ? N’est-ce pas que nos deux pays doivent s’unir ? Quelle misère chez nous ! N’est-ce pas que vous ne voulez pas notre mort ? » J apprenais qu’il $e trouvait, avec quatre cents de ses compatriotes, engagé comme technicien dans les usines mé tallurgiques récemment construites, et revenait pour son congé annuel d’un mois, à Cologne où «a famille, en son absence, recevait la ma jeure partie de ses appointements, F entreprise soviétique lui fournissant à des prix très modé rés logement, vêtements, nourriture. « Je leur ai bâti un haut fourneau. Avant la guerre, j’en avais bâti pour vous, du côté de Lens. Quel beau pays ! Quelle vie agréable ! Les boni amis que j y ai laissés ! Comment s appe laient-ils donc ? Je ne puis retenir ces noms français. Que j aimerais à les revoir ? — Et c est aussi le gouvernement des Soviets qui vous paye vos frais de voyage ? — Tout ! me répondit-il assez brusquement, il paye tout. >1 Changeant de sujet, il me confia qu’il suivait un régime pour maigrir et avait déjà gagné deux trous à sa ceinture, grâce à la gymnasti que et à une eau minérale dont ic dus boirà dans son verre, mais avant lui, ui>e gorgée. La nuit venue, il entreprit et réussit, d’u*...