Extrait du journal

Et si nous traitions une fois pour toutes une question qui, après tout, a son intérêt. La question de l’avenir 1 Une notice de Gabriel Voisin nous y in vite. Gabriel Voisin est un grand initiateur. 11 a eu, durant toute sa carrière, des idées, des initiatives auxquelles on n'a pas complè tement rendu justice. On aurait tort de dire toutefois que Gabriel Voisin est un méconnu. Il est, au contraire, célèbre et il l’est à bon droit. Et on éprouve toujours un vif plaisir à le suivre. Mais il faut avoir assez de souffle pour le suivre. Or, Gabriel Voisin envisage l’avenir. Et, parce que Gabriel Voisin est poète, voici que l’avenir est tout proche. Gabriel Voisin le rejoint d’un coup d’aile.Il voit le travail organisé de l'an 2000. Ce travail demandera quelques centaines d’heu res de séjour annuel dans les organisations industrielles. On s'acquittera de l'obligation du travail de vingt à quarante ans, comme on s acquitte maintenant des obligations mi litaires. 11 restera chaque année quelque chose comme huit mille heures disponibles pour les arts, les sports, les voyages, le re pos. Qu est-ce qu’on fera pour occuper ces loisirs ? Gabriel Voisin, naturellement, et je ne prétends pas qu il ait tort, déclare que l'a venir des hommes ne peut pas s’améliorer sans les transports. Les transports sont la base de la civilisation moderne. Nous som mes d accord avec Gabriel Voisin sur ce point. Mais est-il permis de penser que le bonheur des hommes sera garanti lorsqu’ils pourront, grâce aux transports, suivre le printemps dans la course au soleil? Gabriel Voisin en est bien sûr puisqu'il déclare : « Nous touchons à cet instant qui va nous permettre de vivre deux fois, car c’est vivie deux fois que de voir deux printemps dans une année. » Eh bien ! je n’en suis pas absolument cer tain. I.e printemps n’a un charme inexprima ble et dont on ne se lasse pas que parce que le printemps est exclusif, unique. Lorsqu’on...