Extrait du journal
La commission de l’Assemblée nationale, chargée de statuer sur la demande de pour suites, formée par M. le général de Ladmirault, contre M. Ranc, s’est prononcée pour l’autorisa tion, par 14 voix contre 1, celle de M. Pelletan, et a nommé rapporteur M. Baragnon. Le député du Rhône ayant refusé de se rendre dans le sein de la commission, par une lettre qui dénie à l’Assemblée le droit de juger un élu du suffrage universel, M. Baragnon a, dans la séance du 18, déposé son rapport. Enfin, après une discussion qui a occupé toute la séance du 19, et dans laquelle M. Ernoul, ministre de la justice, a fait entendre les paroles les plus élo quemment énergiques, la Chambre a adopté, par 48; > voix contre 137, les conclusions de la commission : M. Banc sera donc poursuivi. I n décret du 17 juin nomme secrétaire géné ral au ministère de l’intérieur M. le baron Le Cuay, préfet du département de Maine-etLoire. On dit que ce fonctionnaire, originaire du département de l’Orne, a des opinions très conservatrices. Sa venue au ministère de l’inté rieur coïncide avec un mouvement préfectoral qui comprendre deux préfectures et une ving taine de sous-préfectures. Le Journal officiel a enregistré, avant-hier, la nomination, le 15 juin, comme conseillers généraux, de MM. Gabriel Rocher et Janoyer, candidats conservateurs, élus, le premier, dans I Eure-et-Loir et le second dans la Drôme, con tre des candidats radicaux. Le Soleil fait remarquer que ce n’est pas la première fois, depuis le ‘24 mai, que cela se produit, et il ajoute : « C’est que, dans notre pays, il y a un grave péril social dans le fait d’un rapproche ment entre la gauche et le pouvoir, comme le Gouvernement de M. Thiers en offrait le funeste exemple. Les conservateurs, habitués à se gui der d’après le pouvoir, inclinent aussitôt, sans en avoir conscience du côté où il les mène, fûtce du côté de leurs plus cruels ennemis. C’est contre ce péril social que le changement du 24 mai a été dirigé, et on voit que jusqu’ici les faits les justifient. On peut ajouter qu’il n’était que temps : un peu plus, il était trop tard. » Le même jour, le Constitutionnel disait : « Le Gouvernement ne doit pas oublier son origine. II est né d’une crise provoquée par les déborde ments du radicalisme. La France allait à l’abîme; sous la tolérance néfaste d’une administration aveugle et dévoyée, les grands principes d’ordre et de conservation sociale s’étiolaient, s’éner vaient. Le Gouvernement du maréchal de MacMahon a été appelé pour les relever, pour les laire refleurir. C’est là sa mission ; le pays attend de lui sa régénération et son salut. Donc, à ce point de vue, le Gouvernement du maréchal de Mac-Mahon doit s’écarter complètement des traditions et des pratiques de celui auquel il succède. Sans cela il perdrait toute sa raison d'être. Il faut que l’irrésolution et l’équivoque fasse place à la décision et à la clarté ; la fai blesse à la fermeté ; les complaisances impru dentes, les ménagements, les compromis cal culés , à une flexibilité sévère et impartiale dans l’ordre et dans la loi. Sans doute, ce système ne sera pas du goût des radicaux ; ils ont trop pris l’habitude d’arriver à leurs fins, soit ouvertement, soit sourdement ; ils crieront, ils interpelleront. Le Gouvernement n’a pas à s’en inquiéter ; qu’il leur oppose un front d’airain et ils se cabreront ; leur audace n’éclate que devant qui leur cède. Bude travail ; mais la plaie est profonde, on n’en aura pas raison en un jour. S’il faut y appliquer le fer, qu’on n’hésite pas. Il importe que les radicaux ne 1 gardent aucune illusion ; qu’ils soient convain cus qu’on ira jusqu’au bout ; si une mesure sévère les étonne, les exaspère, qu’on leur dise bravement qu’ils en verront bien d’autres. C’est une lutte sérieuse, solennelle. Le Gouvernement ne doit point y faillir. A cette condition seule ment, il se soutiendra, il s’honorera, il sera soutenu et honoré ; il remplira efficacement envers le pays la mission réparatrice qui lui a été confiée. » Le bruit d’une interpellation que M. Jules Favre aurait eu l’intention de déposer au sujet de la circulaire de M. de Broglie aux agents diplomatiques est formellement démenti. De prudents amis auront, sans doute, détourné le négociateur de Ferrières de mettre à exécution son malencontreux projet. Quand on a sur la conscience le tristement fameux : «. Ni une pierre de nos forteresses, ni un pouce de notre territoire ! » il semble, en effet, que l’on soit condamné, par le sentiment même de sa res ponsabilité, à montrer quelque réserve et une certaine discrétion. Les journaux autrichiens, toujours disposés à ouvrir leurs colonnes aux nouvelles à sensation, continuent d’entretenir leurs lecteurs de bruits d’alliance entre l’Italie et l’Allemagne. Leurs af firmations réitérées ont trouvé, des deux côtés des Alpes, des esprits très disposés, pour divers motifs, à les accueillir. En ce qui nous concerne, nous n’ajoutons aucune foi à ces rumeurs, et le Nord partage, à cet égard, notre incrédulité. Voici comment il s’exprime ; « Il n’y aurait à coup sûr rien d’inattendu ni d’extravagant dans une semblable alliance ; les intérêts des deux pays sont trop conformes, notamment dans cer taines questions ae rattachant au sort de la papauté, pour qu’ils ne soient pas tout naturel lement conduits à adopter une action commune vis-à-vis de tierces puissances qui essaieraient de modifier l’état politique actuel de l’Italie au bénéfice d’une restauration du pouvoir temporel du pape. Mais c'est précisément parce que leur communauté d’action, en présence d’éventualités de ce genre, est déterminée par la force même des choses, qu’ils n’ont pas besoin d’enchaîner d’avance leur liberté d’allures et de contracter une alliance dont l’objet matériel n’existe pas encore et n’existera peut-être jamais, s’il faut en croire les assurances pacifiques du nouveau Gouvernement français. » II est bon, d’ailleurs, de noter ici l’indifférence avec laquelle l’opinion accueille les attaques au moyen desquelles les journaux de gauche s’effor cent de passionner l’opinion contre le cabinet de Broglie. Tout le bruit fait autour de la circulaire de M. Pascal n’a eu aucun écho. Quant à M. Ranc, les conservateurs voient avec plaisir la justice reprendre son cours, et ceux qui, jus qu’ici,paraissaient suivre les meneurs de gauche, ne semblent prendre aucun intérêt à l’ancien membre de la Commune. En somme, le pays,...
À propos
Fondées en 1843, Les Tablettes des Deux-Charentes furent une parution bihebdomadaire (puis trihebdomadaire) vendue dans les départements de la Charente et de la Charente-Maritime. Le journal disparaîtra un siècle plus tard, en 1944.
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