Extrait du journal

« Varsovie, ma chère Varsovie Tu es l'objet de mes rêves et de mes songes » C’est une chanson tendre, une chanson d'amour. Elle se chante dans les bars. Elle se chante dans les famillesElle .sort de la bouche des ouvriers et de celle des petits enfants- Elle a été chantée surtout avec ferveur, dans les jours terribles de la déportation, quand, après l’insurrection criminelle d’août 1944, Varsovie ruinée, incendiée, vide et morte était restée aux seules mains barbares des nazis. Rien n’est intact dans cette capitale qui fut l’une des plus belles villes d’Europe. A la gare centrale, les quais, le hall de ciment, uniformément effondrés en plaques séparées par d’immenses crevasses, avec, par-ci par-là, un rail torturé, donne une impression de tremblement de terre. Dominant tout cela une façade, inclinée vers le sol, est arrêtée dans sa chute depuis des mois par les arêtes tordues de son armature métallique. La Saint-Barthélémy du ghetto de Varsovie...