Extrait du journal

Nous assistons au plus extraordiaaire. paradoxe. Tandis que. le gouvernement radical-socialiste, paralysant sa majorité, se refuse à prévoir la néîessaire évolution de l'institution militaire, tandis qu'il se laisse effrayer par les clameurs de la droite et des briandistes qui lui font sommation de considérer la loi de trois ans comme sacrée, voici que les, partis de droite eux-mêmes se préparent à la transformer, à en accentuer le caractère professionnel, oligarchique et prétorien. A quoi peut aboutir, en effet, l'entreprise de prétendue rénovation esquissée ou annoncée par le général de Lacroix et le collaborateur anonyme du Temps, sinon à prolonger par des primes de rengagement démesurées le service de îaserné, à mettre la force de l'armée dans des soldats de métier et à épaissir encore les. cadres permanents sous prétexte de suture aux besoins accrus de l'instruction ? Les réserves, reléguées, selon la formule du général Pau, à des emplois secondaires, n'aurant d'autre valeur que de fournir matière à un énorme accroissement du chiffre des officiers. Ainsi, les étatsmajors routiniers et rétrogrades, profitant de la faiblesse du gouvernement et de sa majorité, achèveront de tirer à eux toute l'institution militaire. Cela est inévitable. Dans la France moderne, l'organisation de l'armée est sollicitée entre deux pôles, le pôle de ['armée de métier et le pôle de l'armée nationale et populaire. Elle ne 'peut rester dans un état neutre, et un équilibre inerte. La loi de trois ans n'est pas seulement un résultat réactionnaire brut, elle est la, victoire d'une tendance qui va se développer encore et aggraver ses effets si on ne la refoule pas. S'imaginer qu'on peut mettre la loi de trois ans sous globe et la préserver ainsi de toute altération est le plus dangereux enfantillage. Je défie qu'on se borné à l'appliquer purement et simplement. Les mesures, quelles qu'elles soient, qu'on prendra pour la mettre en valeur auront une direction déterminée, vers le passé ou vers l'avenir. Elles auront un sens oligarchique ou un sens démocratique....