Extrait du journal

lie très- habile exposé' financier que M. Caillaux a fait; hier às la tribune de la- Chambre a un très grand mérite e.). un très grave défaut..Son mérite, c'est 5u"il trace un plan étendu qui se développe sur plusieurs années, et qu'en espaçant ainsi les difficultés, il les.Ténd au moins en apparence .plus aiséesà résoudre. Il notamment atténué ainsi les résistances que- rencontrera la réforme fiscale, qui n'est'plus appelée à combler touit de' suite- tout le gouffre du déficit. Des "projets, fiscaux qu'il annonce, je ne veux, dire aujourd'hui qu'une cjw^: D'est que 1; impôt sur le capital et ïfrnpôt sur le revenu doivent être étroitement liés. Il est impossible de frapper par l'impôt sur le capital les classes moyennes et de très modestes contribuables, .si l'impôt sur le revenu ne se substitue. pas en -même temps aux contributions existantes et n'apporte pas à la. démocratie, notamment à la démocratie rurale, aux artisans et modestes -commerçants, les dégrèvements depuis longtemps promis. Mais. enfin la grande réforme fiscale paraît dès maintenant en bonne- voie. Mais l'exposé de M. Gaillaux a ce vice grave, qu'il risque d'enlever au pays le sentiment net, vif et exact des-difficultés financières créées par la politique militariste et coloniale. Ces difficultés, quelle que soit la prestesse du tour de main, restent formidables l'emprunt, dans le plan de M.'Caillaux, atteindra près de trois milliards, car il faudra faire face par l'emprunt aux dépenses marocaines qu'il met hors budget et à des dépenses militaires extraordinaires dont le précédent cabinet avait dissimulé le chiffre. L'impôt sera fortement: accru, et, malgré tous ces sacrifices, l'équilibre du budget ne se:ra graduellement réalisé qu'à condition que pendant de longues années le pays s'interdise, toute grande dépense, productive, toute amélioration de son outillage et de' ses écoles, toute grande loi d'assurance sociale,, d'hygiène ouvrière et -de- solidarité humaine. Lés dépenses militaires et navales absorberont 'tout ̃ elles dévoreront le produit des impôts nouveaux, détournés de leur fonction de justice et de progrès. Avant tout, c'est le service financier de la loi de. trois ans qui sera assuré, et M." Eaillâux disposait 'ses chiffres et ses prévisions: comme si pour de longues ;années là loi funeste était intangible. Ainsi, sous l'apparence aisée de ces combinaisons, je sentais avec 'douleur quelque chose d'aride et de- stérile. Les sources nouvelles de revenus publics, créées par la réforme -fiscale, se perdaient dans le sable. C'était comme un vaste désert uni et morne où aucune' oasis de réformé sociale n'attendait le voyageur....