Extrait du journal

XII. La retraite des vieux De touiesles réformes en suspens, la plus attendue ei la, plus populaire est sans conteste la retraite aux vieux. Combien de situations misérables seraient soulagées par le voie de la retraite » Le paysan de Joriquières (Hérault), qui. répond en ces termes à notre questionnaire, exprime bien le sentiment général de tous les travailleurs de la terre petits propriétaires exploitants, fermiers et métayers, et surtout domestiques et ouvriers agricoles. II est vrai que ce n'est pas l'avis des politiciens et des journalistes réactionnaires. Ces beaux messieurs exaltent hypocritement l'amour du travail et de la terre qui est au cœur de chaque paysan dans le but de justifier leur hostilité aux revendications su. légitimes des vieux travailleurs. Il paraîtrait que le paysan ne veut pas connaître le repos même à ses vieux jours C'est le travail qui assurerait sa verte vieillesse.! Malheureusement tout cela n'est que littérature, et littérature intéressée et rétribuée. Ah certes, nous connaissons la passion au travail et des ouvriers et des paysans. Nous savons bien que le vieux compagnon éprouve un s^rremenUde coeur lorsqu'il quitte définitivement Tatelier. même lorsque cl'est,pour bénéficier d'une retraite bien gagnée, j'ai connu le vieux. mineur qui vient s'accroupir à l'entrée du coron pour bavarder avec les jeunes remontant du puits profond. Il interroge, il s'inquiète,il il donne un avis, un conseil. J'ai connu aussi le vieux paysan qui se traîne, tout courbé, de sa pauvre chaumière au lopin de terre qu'il fait encore fructifier. Je l'ai vu rassembler ses dernières forces pour soulever une gerbe, ramasser une pierre, extirper une racine ou arracher la mauvaise herbe. Mais je sais aussi que les vieux; du village, au soir de leur vie de labeur et de peines, seraient heureux de goûter un peu de repos et de tranquillité, ©r, ils ne. le.peuvent pas. Le petit propriétaire doit cultiver la terre jusqu'à sa dernière heure parce que c'est toute sa ressource. Et l'ouvrier agricole, quand on veut'bien encore le laisser travailler, doit se résigner aux tâches tes plus rudes, les plus pénibles, s'il veut manger un morceau de pain.....