Extrait du journal

L'errantisme était autrefois ne nécessité de métier, et nul compagnon n'était tenu pour excellent s'il n'avait fait son tour de France et travaillé dans le plus grand nombre d'endroits possi., b1e, afin d'y apprendre -toutes les façons d'ceuvrer. Le bon ouvrier était alors l'homme qui voyageait plus que le bourgeois. Le compagnonnage comportait le tourisme à quoi bien des gens riches ne se livraient pas. Un charrentier faisait le tour de France. Un rentier restait chez soi. Cette répartition du nomadisme est aujourd'hui bien modifiée. Toute l'organisation industrielle tend à augmenter le coefficient de stabilité du personnel, ce qui est exactement le contraire du tour de France et même du tour de ville. Et cela prouve combien la qualité de la main ouvrière-, est encore importante dans l'industrie, malgré la mécanisation, car le désir des.employeurs est de garder toujours les mêmes hommes, ceux dont les doigts ont pris l'habitude de l'ouvrage qui se fait clans la maison. La. somme d'enseignement qujjl faut chaque jour consacrer aux "notiveaiix " embauchés est un préjudice pour l'ensemble de l'organisation. L'homme de la rue, dont l'industrie américaine prétend se contenter, est un fléau lorsau'il arrive en trop grand nombre dans l'ordre du travaiL A quoi s'ajoute la crainte chez les employeurs, surtout en France, de manquer de main-d'œuvre. Le patronat flamand, construisant sur cela sa psychologie, a toujours considéré les salariés comme une propriété de l'usine. Le maître-tisseur dit d'un concurrent qui lui débauche du personne!. « Il me vole mes ouvriers » Cela ne relève pas du code pénal, comme de voler la marchandise, mais est encore considéré comme un attentat aux droits du patron. Cette façon de penser s'est étendue jusqu'à devenir un système soutenu par l'industrie tout entière, ajoutant aujourd'hui la science de la stabilité dans l'usine au vieux sentiment de propriété des hommes par le salariant. Des moyens sentimentaux et honorifiques ^sont venus aider à la longue durée de service. La médaille de trente ans de travail n'a pas réussi dans l'industrie libre comme ont réussi la commission et la retraite dans l'administration. L'erreur du patronat épris de fidélité ouvrière, a été de la croire possible dans lin système de salariat à. la journée ou aux pièces, tandis que les compagnies de chemins de fer l'ont réalisée par le traitement à l'année et la carrière à vie. La vieille topographie de l'usine flamande montre bien l'organisation du fief usinier, enclos pour retenir les hommes : les corons ouvriers à l'ombre de la chemi* née, le château du patron situé de façon que de ses fenêtres on puisse voir les salariés aller de rhez eux au travail. Mais l'instabilité est pour l'homme un plaisir auquel il ne renonce que pour des avantages de sécurité matérielle que l'industrie n'a. pas souvent offerts. Elle se réservait le droit dl1 débauchage, du renvoi du vieillard 011 dn malade. L'ouvrier jeune n'avait donc rien que la coercition qui put, à. salaire égal, le tenir longtemps au même endroit et contrarier sa fantaisie de changer de place. A une époque où le tourisme est devenu une des plus grandes activités sociales, où chacun éprouve le désir de voir des choses et des gens différents de ceux qu'il connaît, comment espérer que dans cette frénésie de meuve. n'l"n t. la masse ouvrière assure rmi son irnmr::bilité? L'prran. tisme est un phénomène qui le...