Extrait du journal

Je ne sais ce que dira demain la presse antisémite, la presse « nationaliste *,mais comment pourra-t-elle se laver de la flétrissure que vient de lui infliger, du haut de son siège, le rapporteur de la Cour suprême? Je ne sais ce que pourront arguer, pour leur défense, les Esterhazy,les du Paty de Clam, les Boisdeffre, les officiers du deuxième bureau, déformais légendaire ; mais comment pourront ils jamais se réhabiliter, devant l’opinion et devant l’Histoire, ceux que le conseiller Bard a marqués du fer rouge et flétris? Je ne sais ce que feront, demain, les Mercier, les Billot, les Cavaignac, les Zurlinden, les Chanoine,tous les ministres de la guerre qui se sont succédé au pouvoir depuis l'odieux procès de 1894 ; mais comment pourront-ils expliquer leur attitude, leur refus de faire justice, leur criminelle résistance à la Loi, leurs dénégations et leurs mensonges ?... Et les autres, les hommes politiques, ministres, sénateurs, députés, qui ont fermé les yeux, qui ont bouché leurs oreilles pour ne pas voir, pour ne pas entendre la vérité?...