Extrait du journal

choses : la vis, proprement dite, n’est-elle pas en quelque sorte la clé de voûte de l’équilibre humain ? serrée ou desserrée, n’est-elle pas le reflet exact des fluctuations totalitaires ou démocratiques auxquelles sont soumis les différents peuples de la terre ? La vis, comme la langue d’Esope, contient le meilleur et le pire : trop tournée à droite, elle symbolise la servitude et l’oppression ; trop desserrée à gauche, elle synthétise l’abus des libertés individuelles au détriment de la liberté tout court. Or, que serait la vis sans tournevis ? Moins que rien ; le tournevis est à la vis ce que le rond de serviette est au carré de l'hypothénuse ; il en est le bras séculier et le cerveau tout à la fois ; la vis est le corps sans âme et le tournevis l’esprit ; c’est pourquoi, j’estime que tout gouvernement animé de la sagesse des lois doit apporter des soins tout particuliers à une politique du tournevis ; mais il ne doit la pratiquer qu’avec une circonspection et un doigté spéciaux, tout excès dans un sens ou dans un autre pouvant être fatal ; un Etat qui se servirait inconsidérément du tournevis s’exposerait eux mécomptes les plus graves et aux perturbations les plus profondes ; une politique du tournevis, soit, mais mesurée, équitable et de toute façon au pas de vis international ; voilà, j’ai dit. »...