Extrait du journal

Briand, réaliste, avait vu juste lorsqu'il préparait Locarno, adaptation aux possibilités, et, jusqu'à un certain poiat, réparation des erreurs wilsoniennes et lloyd-georgiennes. Quoi qu'on en ait dit, l'Allemagne de Stresemann, et surtout celle de Bruning n'était pas (avec ses 300 députés démocrates ou socialistes au Reichstag, ses 11 millions de suffrages contre Hindenburg pour un socialiste à la présidence de la République), ce qu'elle est devenue par Hitler. Elle aurait pu, il nos alliés avaient été termes, s'assouplir et collaborer. Aujourd'hui, mystique pour une part, terrorisée pour une autre pari, en tout cas fanatisée, sous-alimentée, et surarmée, la nation germanique n'a trouvé son catalyseur et ne s'oriente vers l'explosion que pour ces deux raisons principales 1° le monde anglo-saxon. après la paix, nous a « lâchés pendant quinze ans; 2° une partie de l'opinion française s'est refusée à comprendre les conditions d'un accord avec l'Allemagne. Mais il y a autre chose, qu'il faut dire nettement, et dont la constatation devrait bien nous imposer l'attitude d'union farouche qui seule nous sauvera désormais. D y a nos incessantes luttes internes, nos batailles électorales et ce qu'Albert Milhaud appelle d'une façon savoureuse et hélas trop exactement imagée, les bousculades ministérielles Certes, notre Quai d'Orsay, souvent t'est laissé influencer par les réclamalions ou menaces de petite Etats qui étaient toujours nos dSKIISurSTèlTaont fiaalement, on ne pouvait jamais escompter à coup sûr la fidélité; notre diplomatie a connu des « chefs » politiques et des inspirateurs parlementaires plus animés de soucis idéologiques que d'esprit réaliste et de claire objectivité. Mais ce sont, par-dessus tout, nos querelles intérieures, notre incessant, énervant et stérile va-et-vient du « bleu horizon au cartel des gauches, du poincarisme au socialisme, de l'idée encore flottante d'un regroupement républicain centregauche à la funeste expérience du Front Populaire. C'est cela qui a doublé, triplé peut être les forces morales, les audaces passionnelles et même la puissance matérielle de notre adversaire. Quel remords Berlin n'aurait pas gagné sa guerre aux traités, écrit notre confrère Milhaud, si nous n'avions pas eu cinquante ministères en moins de vingt ans Parole terriblement lourde de sens Sentence effroyablement juste et douloureuse Notre régime, parce que démagogiquement conçu et appliqué, n'a pas fourni à la France des hommes assez courageux dans la paix pour, ayant prévu les jours tragiques, imposer à la nation entière la dure besogne du relèvement et du salut. En 1935, en mars 1936, il était temps encore. Qu'a-t-on fait ?...