Extrait du journal

La fille du président Frémyct, qui était bon homme, fort capable en négociations, et qui tenait un grand état A Dijon, avait épousé le baron de Chantai qui était à peu près ruiné. Installée dans le château de Bourbilly, elle dut s'y appliquer, malgré son extrême répugnanoe, à remettre de l'ordre dans la fortune de son mari. Adroite et fort énergique, elle s'y mit résolument et y réussit à merveille. Elle fut une bonne femme accorte, aimable et de bonne humeur, fort pieuse sans doute mais sans aus· térité rebutante, sans aucun zèle surprenant dans sa condition « Elle n'était point crieuse ni maussade parmi ses domestiques sa vertu la faisait également craindre et aimer. Bref, sa maison était le logis de l'honneur, de la ciet pii'-té chrétienne, et d'une joie vraiment noble et innocente ». Visites, parties de chasse, distractions honnêtes rompaient la monotonie de la vie de château dans une campagne retirée. Elle était si vive et si pleine d'agréments qu'un jeune seigneur des envierons s'avisa de s'éprendre pour elle d'une ardeur coupable. Un jour que son mari était absent, il vint visiter l'épouse seule au logis pour essayer d'avancer ses affaires. lfais dés qu'elle vit qu'il se jetait sur les discours louangeurs et sur les regerds enflammés, la jeune femme lui déclara tout net qu'il fallait qu'elle allét pour quelque affaire chez une demoiselle sa vuisine, qu'elle laissait des gens au logis pour le servir ce soir-la et IA-dessus monta à cheval pour aller coucheur ailleurs....