Extrait du journal

Dès qu'une question nationale se pose et que les droits, les intérêts et l'honneur du pays sont en jeu, le sentiment profond des partis se révèle et l'on s'aperçoit alors qu'il n'y a pas d'accord possible, sur ce terrain, entre ceux, quels qu'ils soient, qui croient encore à l'idée de patrie et les socialistes qui n'y croient plus. Le cartel des gauches est une formation de combat électorale, constituée par l'association des radicaux et des révolutionnaires. Les radicaux sont des idéologues trop souvent enclins à l'oubli des réalités et dont la politique extérieure s'égare facilement, pour ce motif, dans les nuées de l'illusion et de la chimère. Malgré tout et jusque dans leurs erreurs les plus dangereuses, ils restent Français. Qu'un incident se produise, assez grave, assez inquiétant pour les convaincre de l'imminence d'un péril national quelconque et tout aussitôt leur patriotisme réagit. M. Painlevé. président du Conseil du cartel des gauches monte à la tribune et s'exprime alors dans les mêmes termes et avec le même accent chaleureux qu'un Millerand ou un Poincaré. Et les trois quarts de l'assemblée l'acclament. n n'en est pas de même des socialistes. Depuis que l'influence de l'allemand Karl Marx s'est substituée chez eux à celle des vieux révolutionnaires français, les socialistes ne croient plus Il la patrie. Consciemment, volontairement, et en donnant à ce mot son sens le plus rigoureux, ils sont internationalistes. Ils sentent, ils pensent, ils agissent en dehors de la communauté française, en dehors de l'esprit français, en dehors et s'il le faut, contre l'intérêt français. Pacifistes ? Non pas, car la guerre est une extrémité qu'ils envisagent de sang-froid et même assez joyeusement. Seulement ils en ont transporté la menace tragique du terrain des luttes nationales sur celui de la lutte des classes. Je viens d'écrire qu'ils ne croyaient plus à la patrie, mais ma plume a couru trop rMe. Le révolutionnaire moderne possède une patrie-: sa classe, et...