Extrait du journal
une épreuve qu'il saura subir et dont, pour lui, les avantages dépasseront de beaucoup les ennuis. Le gouvernement avait grand inté rêt à terminer tout autrement cette affaire. Par son coup d'audace et sa bonne attitude, le jeune prince s'est mis en vue sous un beau jour et a ra vivé son parti. Mais si cet incident, qui promet un homme, a ému, char mé, agité une notable partie de la bourgeoisie française foncièrement pliilippienne et le groupe militant des anciens légitimistes, dévoués au comte de Paris, pourrait-on affirmer que le mouvement s'était étendu dans le peuple ? Nous ne voudrions pas, quant à nous, risquer cette affirmation-là. Il faut de plus rudes secousses pour en traîner le populaire et une action plus prolongée pour le maintenir dans la voie où son entraînement l'a jeté. Cette action, monsieur le duc d'Or léans pourra et même devra l'avoir comme prisonnier. L'opinion, sur la quelle il a frappé à l'improviste un coup retentissant, continuera de s'oc cuper de lui, et d'un intérêt où la cu riosité aau d'abord la plus grande part, on verra surgir de vives sympa thies. Il n'y a pas à dire : un prince de vingt ans que l'on tient en pri son parce qu'il a voulu être soldat, ne peut manquer de prendre place dans les imaginations et d'acquérir de la popularité. Ce qui était une émo tion accidentelle et, en quelque sorte, de surface, un emprisonnement pro longé le rendra consistant et grave. De la maison centrale de Ciairvaux, le duc d'Orléans fera la trouée que le général Boulanger s'imaginait pouvoir faire sans risques de Bruxelles ou de Londres. Une fois de plus, nos gouvernants auront étéahuris, méchants et ineptes. Une fois de plus aussi il sera prouvé que la république parlementaire — la seule que le parti républicain puisse nous donner — manque d'esprit poli tique et ne saura jamais constituer un gouvernement. Voyez ce que vaut, pour ce parti, après quatre mois de jouissance et de plein pouvoir, sa victoire électorale de septembre dernier? Il ne sait que faire, et le voilà plus divisé, plus démonté, plus impuissant qu'il ne l'était avant de gagner cette bataille, qu'il a cru dé cisive. Et qu'a-t-il fallu pour le réduire à cet état? Il a suffi qu'un prince de vingt et un ans fît, avec résolution, acte de citoyen, et que Paris réélût cinq ou six députés boulangistes arbi trairement invalidés. La troisième république touche à ses vingt ans, elle a dans les deux Chambres une majorité écrasante, toute l'administration a été formée par ses soins, elle s'est donné une magis trature selon son cœur et ses vues, elle a introduit dans l'armée le régime de la faveur ; par les menaces et la persécution, elle écarte l'action du clergé ; enfin, même là où le suffrage universel ne lui obéit pas absolument, le pays, sans être dévoué, sans être content, reste soumis. Et malgré cela la république est sans force véritable, parce qu'elle est sans considération comme sans doctrine de gouverne ment ; et chacun, tout en reconnaissant qu'elle peut durer assez longtemps en core, y voit une aventure qui se pro longe, et non un régime qui s'établit. Ce n'est pas sa conduite d'aujourd'hui qui entamera cette conviction. Eugène Veuillot....
À propos
Fondé en 1833 puis suspsendu en 1860, L'Univers réapparaît sous le Second Empire, toujours sous la direction du même homme, Louis Veuillot. Au début de la Troisième République, il est le journal catholique le plus lu en France. Ultramontain et farouchement conservateur, le titre affiche le plus grand mépris pour les républicains, de même que pour les catholiques libéraux. Il cessera de paraître au commencement de la Première Guerre mondiale, avant de tenter une relance en 1917 qui s'achèvera sur un échec : le journal disparaîtra définitivement en 1919.
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