Extrait du journal

tesse bien naturelle des heures que nous traversons en songeant à nos disparus, l’interprétait comme une poussée d\( égoïsme » (!), favorisée par 1 Egli se « à grand renfort de glas et de psaumes ! Ce qu'il faut aux morts, c’est l’oubli et, au lieu d’aller au cime tière, nous ferions mieux d’aller dan ser au son du galoubet ». Voilà ce que l’on proclame, en première page du Populaire. Je ne commenterai pas cet outrage à tous ceux qui aiment et qui ont aimé, qui se souviennent et qui espèrent. Laissons à leur ignominie ceux qui se complaisent à s’assimiler au bétail. Je ferai observer seulement à l’ignorant qui a écrit ce papier que ce n est certes pas dans un sentiment d'exploitation de l’égoïsme, mais au contraire dans un splendide mouvement d’idéalisme et de fraternité que l’Eglise a institué la 1 oussaint et la fête des Morts. Son origine ?... Elle est plus simple, plus grande, plus humaine que toutes les initiatives symboliques du paganisme antique ou moderne : c’est le transfert à Rome, dans le panthéon d’Agrippa qui magnifiait auparavant tous les dieux cruels, lubriques ou stu pides de l’Olympe, des ossements des martyrs qui avaient versé leur sang au Colisée. En l’an 609, un cortège solen nel accompagnait vers ce temple sans âme les restes sacrés de ceux qui étaient morts pour l’amour de l’humanité la plus humble, pour la justice et pour la paix. De ce jour, la fête des saints et des morts fut instituée et célébrée. Est-ce que tous les hommes et tous les peuples, surtout ceux qui se réclament d’un idéal d’égalité fraternelle, ne devraient pas respecter et vénérer cette mémoire ? Au bas matérialisme qui nous envahit, sachons opposer les forces d'une huma nité supérieure, les puissances de l’es prit, la valeur du sacrifice, l’exemple sublime de ceux qui, dans la douleur, ont réhaussé les âmes et, par leur mar tyre, tué l’esclavage païen. L.-A. Pagès....