Extrait du journal

R. F. est un peu vieux jeu. Ne trou vez-vous pas ? On se lasse, à la fin, de retrouver partout ces deux initiales, sur les monuments de l'Etat, sur les affiches officielles, sur le papier à lettre de tou tes les administrations, sur les timbres, sur les monnaies... On pourrait trouver autre çhose. On pourrait changer ces lettres. Que diriez vous, par exemple, de C. G. T. ? Cé-Gé-Ié ! Cela sonne assez bien. Cela sonne mieux, eu xous cas, que Errc-Effe. Et puis, trois lettre valent mieux que deux pour le coup d'œil, pour la déco ration. On ferait avec C. G. T., sur la pierre et sur le papier, des motifs pleins d'agrément. Enfin, puisque le Régime établi doit avoir son monogramme, il serait mieux, croyons-nous, que ce monogramme re présentât exactement le pouvoir réel, c'est-à-dire le gouvernement,ou le parti, ou le groupe, ou le comité qui préside réellement aux destinées du pays. R. F., c’est déjà hiev.C. G. T., c’est presque aujourd’hui, avec la certitude de demain. Enfin la R. F., s'efface, re cule devant la G. G. T., tous les jours plus audacieuse et plus impérieuse. Après la grève des cheminots, l'im mense majorité des Français souhaitait que la G. G. T. fut mise à jamais dans l'impossibilité de nuire ; elle, l'aurait exigé si elle avait eu un moyen de faire prévaloir scs sentiments. Mais le gouver nement hésita, laissa passer l’heure. Et de cette épreuve la Confédération révo lutionnaire est sortie plus hardie et plus redoutée. Que peut-elle faire de plus qu'elle n’a fait contre les lois, contre l’ordre public, contre la sécurité nationale ? Elle a or ganisé ouvertement la grève ruineuse, la grève criminelle qui a paralysé les affaires du pays et a laissé derrière elle d’incalculables mines ; elle a prêché librement la révolte ; elle a livré le pays sans défense, toutes frontières ouvertes... Et tout cela ne lui a rien coûté. On n’a pas même osé lui demander des comptes. Alors pourquoi s’arrêterait-elle dans ses entreprises contre la République et con tre la France ! Hier, lo bureau de la Confédération s’est réuni et a lancé un manifeste dans lequel il annonce simplement qu'il n’y aura plus do paix dans ce pays tant que le syndicaliste Durand, condamné à mort par la cour d’assisesde Rouen, ne sera pas rendu à la liberté. Et voilà une nouvelle Affaire ! Déjà des meetings ont été annoncés dans toutes les grandes villes. On ira, s'il le faut, jusqu'à la grève générale de tous les corps de mé tier. M. Jaurès s’essaie à des roulades nouvelles. A l'idée de revivre les beaux jours d’antan, il ne se sent pas de joie ; et il prélude ce matin au grand débat par un. article formidable à l’adresse de M. Baudin, qui a eu l’imprudence d’avancer que la cour d’assises de Rouen avait eu peut-être de bonnes raisons de condamner Durand et qu’a près tout il y avait une victime. Tout le monde sait que la grâce de Durand sera accordée ; les jurés qui l’ont condamné Vont eux-rnême réclamée. Les syndicalistes, ou plutôt les meneurs du syndicalisme étalent une fausse pitié. Ils ont seulement saisi une occasion de recommencer l’agitation. Il ne leur dé plairait pas même, sans doute, que Du rand fût exécuté, pour avoir une raison meilleure d’exciter leurs troupes#» Eh bien ! Non. Ils n’auront pas ce prétexte. Mais ils sont décidés à s’en passer. Pour être Lien sûrs qu’on ne leur enlève pas cette occasion de trooMcr le pays,...