Extrait du journal

fraction correspondante dans la nation voisine pour taire échec à d’autres il ne fait que substituer la préparation de la guerre sociale à l'ancienne prépara tion des guerres nationales. La paix véritable, c’est, au premier degré, la paix entre les diverses catégories de travailleurs de tout ordre, entre les pro ducteurs manuels et intellectuels, entre l’épargne et le prolétariat, entre la ter re et l’usine, entre le capital, l’esprit et la main. Dans ce domaine, du reste, il y a lieu également de se faire des concessions mutuelles. Ainsi, c’est sur le plan le plus vaste, sur un plan totalement humain, si j'ose dire, que la réconciliation et la paci fication doivent s’opérer. De sorte qu’après maint détour, l’on est bien obligé, si l’on veut être réaliste et sincère avec soi-même, d'en revenir à la conception d’une morale universelle. 11 nous faut une distribution des devoirs et des droits s’inspirant d'une règle absolu ment opposée à celle du matérialisme historique et moderne, comme à celle du paganisme antique, malheureusement ressuscité dans ce siècle par certains doctrinaires ou par certains adorateurs d’une nouvelle déesse : la Machine. L’homme a tellement « organisé » et déchaîné la matière, qu elle est deve nue, en une certaine façon, le tyran des âmes et des volontés. Il ne s’agit nullement d’oublier nos découvertes, et de détruire l’œuvre des magnifiques intelligences qui ont ration nellement utilisé la chimie, la physi que et la mécanique. Mais il s’agit de ne point se laisser asservir par la science et par les choses. 11 s’agit de retrouver et de rétablir la hiérarchie naturelle. Ce n’est ni une affaire d’in telligence pure, ni une affaire de sen timent exclusif. C’est une affaire de morale et de spiritualité. Lorsqu’on aura retrouvé la notion d’équilibre c-'tre l’esprit, le cœur et la matière ; lorsqu on aura restauré cette vérité que rien ne Vit rien ne progresse sans sacrifice ; lorsque toute les classes se seront bien convaincues que la « grande pénitence » dont on parle à droite et à gauche sans y consentir réel lement, est nécessaire à tous, — alors nous apercevrons le salut. D.-A. Pagès....