PRÉCÉDENT

Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, 14 avril 1907

SUIVANT

URL invalide

Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire
14 avril 1907


Extrait du journal

Quelques ouvriers boulangers mili taires de Marseille — deux affirment les uns, quatre assurent les autres — ont refuse de pétrir dans les boulangeries civiles où l’autorité militaire les avait envoyés pour assurer l’approvisionne ment' du pain de la population qui su bit les conséquences d’une grève pure ment locale, sans rapports aucuns avec la grève générale. Ces deux ou ces qua tre ouvriers militaires — ont refusé de pétrir et d’enfourner parce qu’ils ont pris au sérieux les gasconnades du ci toyen Bousquet et, convaincus que leurs collègues civils de la France entière allaient se mettre en grève, ont voulu se solidariser avec eux. Le citoyen Bousquet, dans une réu nion à la Bourse du travail de Paris, a fait grand état de ces défections où il a pensé déjà voir un indice certain de la généralisation du mouvement. « Toutes nos mesures sont prises, a-t-il ajouté, pour assurer le succès du mouve ment. » Le succès du mouvement ? le citoyen Bousquet n’a pas tardé à déchanter : ces deux soldats, — mettons ces quatre soldats si vous voulez, c’est tout ce qu’il a pu trouver de garçons boulan gers prêts à le suivre. ' Pas plus en province qu’à Paris, les ouvriers n’ont marché. Pour une fois, ils se sont comportés avec sagesse. Au fond, voyez-vous, ce Bousquet n’existe pas. Il ne doit, comme je le fai sais déjà remarquer l’autre jour, son importance qu’à la presse, qui a le grand tort de croire qu’il exerce une in fluence véritable et qu’il est quelque chose ou quelqu’un, de l’interviewer, de reproduire ses discours et ses mani festes. On peut dire que ce sont les jour naux qui ont créé de toutes pièces le ci toyen Bousquet. De loin, c’est quelque chose, et de près ce n’eit rien Ce c’est rien, c’est moins que rien. Si les journaux ne lui faisaient pas tant de réclame, il serait rapidement mis à sa juste place, c’est-à-dire qu’il s’effondre rait, comme une baudruche qui, gouflée de vent, fait beaucoup de volume et qui au moindre coup d’épingle diminue, di minue et peut tenir largement dans un dé à coudre. Au début, les ouvriers de l’alimenta tion ont eu la naïveté de s’y laisser prendre. Ils ont obéi au citoyen Bous quet quand il leur ordonnait de se met tre en grève ; ils ont saccagé quelques boutiques et saboté quelques marchan dises, mais ils n’ont pas constaté que ces actes de violence eussent sensible ment avancé leurs affaires. Ils ont re connu seulement, à leurs dépens, que la grève n’avait profité qu’à leurs cama rades sans travail qui y poussèrent tant qu’ils pouvaient dans l’espoir de vou loir faire accepter leurs services aux lieu et place des grévistes ou des sabo teurs congédiés. Et ils ont compris qu’ils n’avaient rien à gagner mais qu’ils au raient tout à perdre à suivre le citoyen Bousquet. Ils ne Vont pas suivi. Bousquet a pu dire que la fédération des syndicats de l’alimentation avait pris toutes ses me sures pour assurer le succès de la grève. Il a pu faire voter à l’unanimité la grève par les deux mille ouvriers boulangers réunis à la Bourse du travail et qui n’étaient pas des ouvriers sans place. Il a pu dire solennellement : « Au nom des pouvoirs que m’a conféré le comité fédéral, je proclame la grève générale des ouvriers de l’alimentation à Paris et en province. » Personne ne l’a écouté, personne ne lui a obéi. Il n’a pas même eu la ressource, pour faire nombre, de se mettre en grève car il est un de ces travailleurs qui ne travaillent pas : ceux qui connaissent ce porte-parole des ou vriers de la boulangerie assurent qu’il n’a jamais été ouvrier boulanger et que, s’il lui fallait gagner sa vie en travail lant, il serait incapable de le faire en mettant la main à la pâte. Le four qu’il vient de faire avec sa grève générale donne la mesure de la confiance qu’ont en lui ceux-là mêmes dont il prétend défendre les intérêts et qui commencent à s’apercevoir qn’il n’a d’autre besogne régulière que celle de s’efforcer de leur faire abandonner leur travail et que, pour vivre, il leur rsuade de se réduire volontairement misère. Cet échec marque la fin de...

À propos

Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • jouin
  • bousquet
  • clémen
  • castellan
  • bougouin
  • lemonnier
  • delavaud
  • pichon
  • pélacot
  • dumaine
  • paris
  • bousquet
  • rhône
  • france
  • vou
  • givors
  • saint-étienne
  • annecy
  • vienne
  • verdun
  • la république
  • bourse du travail
  • parti républicain
  • union
  • etat
  • la main à la pâte
  • m. w
  • confédération générale du travail
  • fédération des syndicats
  • capitole